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Arrêt sur images: Thomas porcher

 

Un portrait de Porcher déclenche la fureur

"L'affaire Porcher" a commencé cet été avec un portrait flatteur de l'économiste publié dans Le Monde. Un portrait qui a agacé une foule de journalistes, au point que Porcher a essuyé une salve de critiques virulentes sur Twitter, provenant en particulier de journalistes économiques et politique comme Pierre Briançon, (indépendant) Michel Grossiord (Radio classique et Public Sénat), Jean-Michel Aphatie (Europe 1), certains n'hésitant pas à relayer une fake news sur Porcher. Comment expliquer qu'un portrait superficiel voire anodin, ait pu déclencher cette fureur chez ses adversaires idéologiques ?  "Je pense qu'une partie des éditorialistes parlent d'économie alors qu'ils n'ont jamais fait d'économie, et voudraient que l'extrême-gauche ou des gens qui défendent des idées hétérodoxes restent à l'écart des médias mainstream", répond Porcher. Il en veut pour preuve le cas Briançon "ancien directeur de l'Expansion, partout où il passe il prétend  être un économiste alors que c'est faux".

"L'interdit Lordonien"

On enchaîne avec l'omniprésence de Porcher dans les médias qui contraste avec "l'interdit lordonien", comme le nomme Daniel Schneidermann, en référence à l'économiste de gauche Frédéric Lordon (notre dossier ici). Lui, contrairement à Porcher, ne répond quasiment jamais aux sollicitations des journalistes. On diffuse d'ailleurs un extrait de sa première émission sur notre plateau, où il explique les raisons de cette distance assumée. Une position que "comprend" Porcher "sur le fond", tout en la critiquant : "La gauche a perdu beaucoup de batailles justement parce qu'on a refusé d'aller combattre dans les médias, déplore-t-il. Si à 7 heures du matin, vous ne prenez pas les deux minutes que vous offre une télé, qui va les prendre ? Tous les think tanks et officines pro-Macron ". Dans sa pratique d'historienne, Mathilde Larrère est en revanche "entièrement d'accord avec les arguments de Lordon". "D'autant plus que dans ma discipline on nous demande d'intervenir sur tous les sujets, même ceux qui  sortent complètement de notre domaine de compétences ", souligne notre chroniqueuse

déjouer ou faire le jeu des dispositifs télé ?

Habitué des plateaux, Porcher se retrouve souvent face à d'autres habitués des médias. On diffuse justement un extrait d'une émission de BFMTV où l'économiste croise le fer avec Agnès Verdier-Molinié,  directrice de l’IFRAP, un think tank ultra libéral enregistré comme lobby auprès du Parlement. Porcher l'a littéralement mouchée au sujet de la fuite supposée des dirigeants d'entreprise vers l'étranger pour des raisons fiscales. Pourquoi a-t-il pris le dessus ? Parce qu'il a enseveli Verdier-Molinié sous des chiffres rarement entendus à la télé. Et Porcher d'expliquer :  "Les départs de contribuables soumis à l'ISF sont estimés à 800 par an et il y en a 300 par an qui reviennent, donc vous avez 500 personnes au final, ce qui veut dire qu'il y a environ 0,2 % qui partent. Cette perte a été chiffrée, elle est équivalente sur 10 ans à environ 170 millions de pertes par an, contre 4 milliards de pertes si on supprime l'ISF". Un autre économiste atterré, Henri Sterdyniac, a ferraillé face à Verdier-Molinié sur le plateau de Public Sénat, usant d'une autre arme dans le débat : l'attaque ad hominem. Alors qu'elle plaide pour la suppression de l'ISF, il l'accuse "d'être le lobby du patronat". Une stratégie que Porcher préfère ne pas employer, estimant plus efficace de dérouler "des arguments imparables". Mathilde Larrère estime au contraire qu'il faut dire "d'où les gens parlent parce qu'ils sont socialement et politiquement situés", c'est "un argument, ça ne saurait être le seul mais il est important".

Psychiatrisation de la démission de Nicolas Hulot

A la suite de la démission de Nicolas Hulot du ministère de l'écologie, les télés en continu ont psychiatrisé la cas Hulot, occultant toutes les raisons politiques de son acte. On diffuse un montage qui illustre cette psychiatrisation. Cette vidéo montre " cette espèce de consensus pour dépolitiser la démission de Hulot et donc la puissance du dispositif invisible sur les plateaux" estime Daniel Schneidermann. "Je pense que c'est plus simple de parler de l'humeur de Hulot que de s'exprimer sur le développement des renouvelables ou la rénovation des bâtiments, explique Porcher. Mais une partie des choses est vraie,  Hulot est un homme de coup de coeur, sinon pourquoi a-t- il a rejoint Emmanuel Macron qui donnait rien à l'écologie."

"Programmes de Hamon et Mélenchon pas crédibles" : les médias coupables ?

Porcher, est un économiste de gauche certes. Mais où se situe-t-il sur l'échiquier politique ? "Je ne suis pas contre le capitalisme, je suis contre le capitalisme libéral, c'est différent,", a-t-il lâché dans  l'émission Les grandes Gueules sur RMC, dont on diffuse un extrait. Il explique sur notre plateau "qu'il est pour un service public très fort et de la redistribution", mais "pas contre l'économie capitaliste". Pour lui, "le problème, c'est que dès qu'on est contre le capitalisme libéral, alors on est le Venezuela, on est Maduro, on est la Corée du nord".  Sauf que. "Il existe 50 nuances de capitalisme plus sympathiques que celui qu'on vit aujourd'hui", pointe l'économiste. Il précise par ailleurs que "le programme de Jean-Luc Mélenchon n'est pas anti capitaliste".  "C'est un programme de gauche, plutôt keynésien que communiste", conclut Porcher. "Pour qui avez-vous voté au premier tour de l'élection présidentielle de 2017 ?" demande Daniel Schneidermann. "Pour Mélenchon", répond Porcher.

L'économiste atterré revient alors sur les résultats de cette présidentielle. " Les médias ont été coupables, accuse-t-il. On nous a dit qu'il y a un seul programme crédible, c'est celui de Macron, et que les programmes de Hamon et Mélenchon, eux, n'étaient pas crédibles économiquement parlant." "Or il y a de très bons économistes qui ont soutenu tous ces programmes, poursuit-il. Ce qui veut dire qu'il y avait trois avenirs différents, trois avenirs qui nous étaient offerts et qu'il fallait débattre de ces programmes sur un pied d'égalité, mais cela n'a pas été fait."


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