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Herrou contre verrous

pète à plusieurs reprises dans le film : la liberté ne s'arrête pas aux barreaux des prisons. Rien ne lui ôtera sa liberté de mener un juste combat.

Libre, le film de Michel Toesca  sur Cédric Herrou, est sorti ce mercredi 26 septembre. Le lendemain, Cédric Herrou était à Dijon venu rencontrer les spectateurs de l'Eldorado. Le 21 de la rue Alfred de Musset débordait largement sur la rue ce soir-là  tellement l'affluence était dense. La salle 1 et la salle 3 ont diffusé le film et tout le monde s'est ensuite retrouvé dans la grand salle pour écouter Cédric Herrou raconter son combat. 

 

La Fraternelle Roya

Si l'on part de Vintimille en Italie et qu'on monte au Nord, on arrive dans le village de Cédric, perché dans les montagnes, et puis à son oliveraie. La culture des olives, il a dû la délaisser à cause des procès qui tombaient au moment des récoltes. De nature simple, il mène les choses à bien. Confronté à une question : que faire de ces gens qui viennent frapper à sa porte, parfois blessés, souvent affamés ? Il ne déroge pas et accueille, malgré les fusils des policiers tout autour.  Malgré les arrestations et les procès, il tend la main. Et il entend bien que cette devise qu'on chante dans toutes les cours de récréation du pays le jour de la rentrée des classes soit respectée : Fraternité. Le conseil constitutionnel lui a donné raison, le 6 juillet 2018 en se référant à ce principe de fraternité pour débouter les tribunaux qui l'avaient condamné pour avoir aidé des réfugiés. 

Sortir du huis-clos

Pour Cédric Herrou, "l'arrivée sur les lieux de la caméra de son ami Michel Toesca a permis de sortir de la parano ambiante. Avant tout était caché, rideaux fermés." Il rappelle être paysan et non militant. "Nous ne connaissions pas les droits des accueillants et des réfugiés"

400 heures de rush montrant 3 ans de lutte ont été réduites en 1 h 40 de film. Des personnes ont disparu comme Françoise Cotta, " une des consciences du barreau de Paris". Le tire a changé aussi : il devait s'appeler A tous vents, pour montrer la diversité des personnes concernées. 

Actuellement, autour de la ferme il y a 50 gendarmes, 24 h sur 24 avec 5 points de contrôle. Mais le problème du contrôle n'est pas traité. Ce n'est pas en refusant d'accueillir que l'on peut contrôler une frontière. Les gens passent quand même.

Le problème c'est l'entrave à la demande d'asile. Et comment éviter les dangers pour accéder à la demande d'asile. 

L'encombrement des tribunaux

On en arrive à des situations absurdes. Raphaël, un jeune de la Roya, est poursuivi pour l'"aide au séjour de personnes en situations irrégulières". La personne qu'il a aidée a été refoulée. Elle est repassée. Elle a  déposé sa demande et obtenu l'asile. Rapahël est poursuivi pour avoir aidé une personne qui est maintenant en situation régulière. Le problème est que l'état ne respecte pas la loi et entrave le droit d'asile.

Cédric Herrou a fait plusieurs fois condamner le préfet par le tribunal administratif pour procédure irrégulière. Pour lui, il faut aller au juridique pour que le citoyen reprenne possession de la justice. La justice doit être accessible à tous.

Un discours contradictoire construit

 

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Un spectateur veut en savoir plus sur l'interview d'un réfugié qui justifie ces contrôles de police au frontière. Moussa explique que la France a raison de faire ainsi, qu'elle a rétabli des contrôles pour se protéger des attaques terroristes. 

Cédric Herrou répond qu'ils ont interviewé des habitants de la Roya clairement contre leur action mais les discours étaient très sommaires. Ils ont pensé qu'on les accuserait d'avoir placé là un benêt de service pour servir leur propos. Moussa avait un discours construit. Et juste. Puisque c'est depuis les lois anti-terroristes que les contrôles ont été rétablis. 

 

Beaucoup de pédagogie

Et sur place, du côté des pouvoirs publics, les positions ont-elles bougé ? demande-t-on dans la salle. 

Avec beaucoup de pédagogie, du dialogue, des envois de textes de loi pour prouver que l'entrave à la demande d'asile était illégale, la gendarmerie a demandé qu'une liste lui soit fournie des personnes accompagnées à Nice faire leur demande. Et elle a respecté ce document.

Cédric Herrou et son entourage ont été critiqués par ailleurs sur ces listes avec des photos mais c'est le seul moyen de prouver qu'il y a eu refoulement et donc entrave à la demande d'asile. 

Des camouflages pour rendre visible

Dans la Roya, il y a aussi beaucoup de sentinelles, ces militaires dont l'habit de camouflage sert à les rendre visibles.  De jeunes réfugiés fuyant la guerre ont eu très peur des fusils sur eux et se sont enfuis. Il y a eu une chasse. Ils se sont blessés en tombant. 

 

 

A Dijon aussi

Un  homme prend la parole  : à Dijon aussi le problème se pose. Il est confronté à l'accueil de 50 à 80 personnes dans les locaux de son association, aux Tanneries. Au Potager libre des Lentillères aussi, l'accueil se poursuit. L'hiver approche. Il lance un appel à donner des tentes et des couvertures. Les réfugiés ont dû se replier aux Tanneries suite à l'expulsion du squat de l'avenue de Stalingrad.  Des riverains avaient sommé les pouvoirs publics de prendre en main la situation. Sur les 80 personnes expulsées, 24 avaient été relogées par l'association Coallia qui a obtenu le marché de l'accueil d'urgence sur la ville**. Sur les 67 contrôlés, seuls 4 étaient en situation irrégulière. Cette expulsion avait amené les élus EELV de Dijon à manifester publiquement leur indignation : Nous sommes choqués de la mise en œuvre de cette politique nationale envers les migrants en contradiction avec les valeurs que nous défendons. Un citoyen indique qu'il a porté plainte pour racisme, les squatteurs étant d'emblée considérés comme dangereux et sans hygiène.

Pour s'engager ?

Dans le hall, à la sortie, les bénévoles sont là pour expliquer leur action, La Cimade, SOS Refoulement, ... soutien Asile 21 lance un appel à la société civile pour se mobiliser. Pour en savoir plus, taper Soutien asile 21 potager. 

 situation régulière. Le pays ne peut pas refuser de prendre en question une demande. C'est le droit. On peut donc aider ces personnes puisqu'elles sont en situation régulière tant que leur demande n'a pas été refusée

 

 Sur la question de l'accueil des réfugiés, on peut aussi écouter Cyril Dion hier sur les ondes de France Inter : il s'insurge que l'on fasse aujourd'hui toute une histoire pour accueillir aujourd'hui 18 réfugiés d'un bateau humanitaire refoulé aux frontières alors qu'on en annonce des millions pour 2050 suite aux catastrophes climatiques. 

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