· 

« Mystérieuses naissances de bébés sans bras en Bretagne et en Loire-Atlantique »

Revue de presse Médiscoop du 5/10/2018 (Le Figaro, La Croix, Le Parisien)

 

Delphine Chayet note dans Le Figaro que « l’agence Santé publique France a dévoilé [hier] trois rapports sur des cas groupés de naissances d’enfants sans mains ou sans bras. Ces enquêtes n’ont pas permis d’identifier les causes de ces malformations ».
La journaliste évoque ainsi « deux foyers, l’un en Bretagne, l’autre en Loire-Atlantique, de naissances en nombre inhabituellement élevé d’enfants nés sans mains, bras ou avant-bras. Ces malformations congénitales graves - appelées «agénésie transverse des membres supérieurs» - ne sont probablement pas «dues au hasard», a indiqué l’Agence ».
« Dans les deux cas, les recherches menées pour identifier une éventuelle cause commune n’ont cependant pas abouti, et l’enquête s’est arrêtée là »,
indique-t-elle.
François Bourdillon, directeur général de l’Agence, a déclaré lors d’une conférence de presse : « Nous avons maintenu une surveillance étroite des naissances dans ces secteurs ».
Delphine Chayet remarque que cette conférence de presse a été « organisée en vue d’apaiser l’inquiétude autant que d’éteindre une polémique naissante. […] Un reportage de France Télévisions relatant la naissance de 7 bébés malformés dans l’Ain, avait mis en lumière la semaine dernière le peu d’empressement des autorités à informer le grand public sur ces enquêtes sanitaires ».
La journaliste précise que « dans ce département, les nourrissons atteints de malformations ont été mis au monde entre 2009 et 2014, et vivaient dans un rayon de 17 km. L’alerte avait été lancée dès 2011 par le registre local de surveillance Remera, qui collecte, analyse et saisit les données de naissances en Rhône-Alpes depuis 1973. Après analyse statistique, Santé publique France n’a pas conclu, ici, à un excès de cas ».
Delphine Chayet ajoute que « comme en Bretagne (4 cas entre 2001 et 2013) et en Loire-Atlantique (3 cas en 2007 et 2008), une enquête a toutefois été lancée pour tenter d’identifier l’origine des anomalies. Elle a fini dans l’impasse ».
Le Dr Anne Gallay, de Santé publique France, a indiqué que « la question du rôle de l’environnement et des interactions entre les facteurs de risques doit encore être explorée ».
Le Dr Bertrand Gagnière, épidémiologiste, a pour sa part observé : « On sait que cela ne sert à rien de lancer des études en l’absence d’hypothèse. La littérature scientifique montre que leur capacité à dégager une cause est inférieure à 1% ».
La journaliste note enfin que « l’affaire met aussi en lumière les lacunes du système de surveillance des naissances en France. Il n’existe pas de registre national, mais 6 registres locaux souvent tenus à bout de bras par des structures adossées à des hôpitaux et financièrement fragiles. Ils couvrent seulement 19% du territoire. Santé publique France a précisé hier qu’elle développait des outils complémentaires ».
La Croix note aussi que « Santé publique France a indiqué n’avoir pas pu identifier les causes de graves malformations ayant touché ces dernières années 14 enfants dans trois départements ».
Le quotidien relève notamment que « la première démarche de SPF [Santé publique France] a été de savoir si l’ensemble des cas locaux était ou non supérieur à l’incidence habituelle sur le reste du territoire. Résultat : SPF estime qu’il y a «un excès de cas» en Loire-Atlantique et dans le Morbihan, mais pas dans l’Ain ».
« Une conclusion à laquelle n’adhère pas Emmanuelle Amar, directrice du Remera, le Registre des malformations en Rhône Alpes, qui a travaillé sur ces cas de l’Ain, survenus dans un périmètre de 25 kilomètres »,
indique le journal.
La responsable déclare ainsi : « Nous estimons qu’il y a, sur ce petit périmètre, 58 fois plus de cas que sur le reste du territoire ». Jean-Claude Desenclos, directeur scientifique de SPF, répond que « la méthodologie utilisée par cette épidémiologiste n’est pas adaptée ».
De son côté, Le Parisien livre aussi les propos d’Emmanuelle Amar, qui déclare notamment que les experts de Santé Publique France « se trompent ! Ils partent du principe que le taux n’est pas anormal [dans l’Ain], car il y a eu 7 cas de 2000 à 2014. Or, ce nombre a été recensé sur une période bien plus courte, entre 2009 et 2014. Comment pouvons-nous dire qu’il n’y en a pas eu de cas avant ? C’est impossible de le savoir, il n’existait pas de surveillance des malformations avant 2009 dans l’Ain ! ».
« Cette affaire est en train de devenir un scandale de sanitaire, la négation poussée à l’extrême de Santé Publique France nous interroge. Ils disent qu’il faut renforcer la surveillance. Mais on ne pourra plus l’assurer. On ne sait pas pourquoi, toutes nos subventions s’arrêteront fin décembre. Il n’y aura plus d’alerte, plus de suivi, plus rien »,
ajoute l’épidémiologiste.
Date de publication : 5 octobre 2018
Source: médiscoop.net (5/10/2018)

 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0