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« Gilets jaunes » : voyage dans les cahiers de doléances à travers le Finistère

Cinq jours en Finistère, du nord au sud, et 347 kilomètres parcourus, pour faire le tour des principales communes qui ont ouvert des cahiers de doléances, et sonder ainsi les âmes des Finistériens, à la veille du débat national voulu par le gouvernement. Sur une soixantaine de villes et de villages visités ou joints par téléphone, plus de la moitié a mis en place de tels cahiers, souvent à la demande des associations de maires. Ils seront ensuite transmis au préfet ou aux députés, pour nourrir le « grand débat ». A ce jour, le succès des cahiers est variable et les retraités semblent surreprésentés. Tour d’horizon d’un département qui se distingue par un réseau de communes peu nombreuses, mais de tailles importantes, et bien organisées en termes de communications routières.

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  • Landerneau, kilomètre zéro

 

Avec 15 800 habitants, c’est une ville à la campagne, jusqu’où s’entendait autrefois le canon du bagne de Brest. Dans le hall de la médiathèque, un écritoire a été installé. Un couple s’assoit. Elle tient la plume. Lui fait souffleur : « Il faut commencer par la CSG sur les retraites. Dire qu’avec moins de 2 000 euros par mois, on n’est pas riches, on est la classe moyenne. Qu’on veut bien contribuer, mais que là ça fait trop. »

 

De son écriture appliquée, Yamina Gobry, retraitée de la fonction publique comme son mari, Lionel, consigne les doléances du couple dans le cahier à grands carreaux mis à disposition du public, depuis décembre, par la mairie. Ils sont les cinquante et unièmes à s’exprimer. L’annonce d’un grand débat national les a conduits jusqu’ici. « On est là pour que quelque chose se passe. On est dans la catégorie qui paie tout, tout le temps, plein pot, l’eau, le médecin. On paie pour ceux qui ne peuvent pas, d’accord. Mais justement, pourquoi Macron pénalise les retraités ? », lance Lionel Gobry, 66 ans. « Je ne comprends pas ce qu’on nous reproche, ajoute sa femme, soucieuse. C’est comme si l’argent tombait du ciel ou qu’on l’avait volé. Mais on a travaillé sans jamais s’arrêter. Toi, quarante-deux ans, moi quarante-trois. Vraiment, Macron fait une politique pour les très riches… Les vrais riches, eux. »

 

Beaucoup d’autres doléances, au ton policé, sont déclinées sur le même thème : « Augmentation générale des petites retraites, suppression de la hausse de 1,7 % de la CSG sur les retraites et indexation sur l’inflation… », réclament-elles. « Je suis d’une génération qui a travaillé, dans les années 1960, 56 heures par semaine. J’ai débuté à 14 ans sans le sou, j’ai une retraite de 1 650 euros, suis-je un nanti ? », interroge un signataire.

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