Tribune pour une écologie populaire: fin du monde, fin du mois, mêmes responsables et même combat

La crise écologique bouleverse la temporalité du politique. Scientifiques, GIEC, ONU, tous le disent : nous avons entre 12 et 15 ans pour inverser le cours actuel des émissions de gaz à effets de serre (GES) pour contenir le réchauffement sous 1,5 degré. Si nous ne renversons pas la tendance, l’humanité court à sa perte. « There is no alternative ». Cette fois, il ne s’agit pas d’une posture dogmatique, mais d’une réalité scientifique.
Des pilotes grisés par leur course à l’accumulation du profit entraînent l’humanité dans cette course folle vers un mur. 100 entreprises, dont ExxonMobil, Shell ou encore Total, sont responsables pour 70% des émissions de gaz à effet de serre depuis 1988. Aux commandes des appareils politiques français et européen, elles ont de fidèles co-pilotes : le parti européen ALDE que rejoindra LREM reçoit des financements de Bayer Monsanto, la Commission de Juncker et le gouvernement de Macron retardent tant que possible l’interdiction du glyphosate et la réduction des émissions de carbone. Le monde disparaîtra avant le Roundup si le politique ne reprend pas la main sur l’économique.
La prétendue politique de transition écologique française et européenne est une diversion, dont les plus vulnérables payent le prix. En France, les 1% les plus riches ont une empreinte carbone 40 fois supérieure aux 10% les plus pauvres. Pourtant, la taxe carbone s’applique à tous, indifféremment. L’indifférence, c’est aussi remplacer un Hulot effondré par un de Rugy impuissant à la tête d’un ministère fantoche. C’est l’attitude du gouvernement face aux 12 millions de français en situation de précarité énergétique. L’énergie représente une part de leur budget trois fois plus lourde que pour les 20% les plus riches. La rénovation de leur logement est hors de prix, leurs gares ferment et la vieille voiture redevient indispensable. La facture augmente, les revenus baissent. Se consoleront-ils en apprenant que leur taxe carbone finance le CICE ?
L’Union européenne donne la réplique à Macron dans cette tragi-comédie climatique. En France, nos 1 400 sites industriels les plus polluants sont exonérés de taxe carbone pour être assujettis au marché européen du carbone. Ce marché, défini suivant les conseils des lobbies, détourne le principe de « pollueur-payeur » en un mécanisme de « pollueur-payé ». Il fonctionne par la distribution gratuite de permis de polluer et une sous-évaluation du prix du CO2. D’ici à 2030, les industriels européens recevront ces quotas de pollution gratuits et des subventions pour un total de 200 milliards d’euros. L’Europe fixe le cap des réductions d’émissions carbone mais donne les clés de notre avenir au marché. Ce marché qui est étranger à l’intérêt général, sourd aux plaintes des laissés pour compte et aveugle à la pollution qui détruit notre terre et nos vies.
Une écologie populaire est possible. Elle émerge dans les marches climat et les grèves scolaires. Elle investit nos tribunaux au nom du peuple, parce qu’elle est « Notre affaire à tous » et non l’hypocrisie de quelques-uns. Demain, nous en serons le relais au Parlement européen comme nous le sommes à l'Assemblée nationale en France, en reformulant la PAC pour soutenir l’agroécologie et en demandant la transition vers 100% d’énergies renouvelables. C'est dans cet objectif que nous proposons un règlement européen sur la règle verte : ne pas prélever sur la nature plus de ressources renouvelables que ce qu'elle peut reconstituer. Ce règlement, qui fait l'objet d'une co-construction citoyenne, prévoit la création d'une agence européenne dont le mandat comprendrait l'évaluation des politiques, des projets d'aménagement et des traités de libre-échange au regard de la règle verte.
Nous exigerons une fiscalité juste et une politique budgétaire à même de financer la transition écologique. Nous refuserons l’austérité et le libre-échange pour pouvoir réaliser en Europe une révolution écologique et sociale. Contre les lobbies et les chantres d’un pragmatisme mou, nous sommes et serons des parlementaires de combat.

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