L'Europe peut-elle sauver l'agriculture bretonne ? Retour sur la réunion publique du 29/03 à Ploërdut

 

En guise d'introduction à la réunion publique participative: "l'Europe peut-elle sauver l'agriculture bretonne?" une mise en perspective historique de la place de l'agriculture dans l'histoire humaine a été développée brièvement: du néolithique à l'agriculture intensive actuelle! Pour sortir de l'impasse écologique quel modèle agricole inventer?

 

Afin de déterminer les thèmes du débat les participants se sont partagés en petits groupes - de  préférence entre personnes "ne se connaissant pas". Chaque groupe devant trouver un mot qui leur paraissait caractériser la politique agricole Européenne. Parmi les mots clés trouvés, deux sujets se sont imposés particulièrement: agriculture industrielle intensive et subventions...

 

Le premier intervenant, un agriculteur, a exposé son parcours, ses difficultés et ses recherches pour aller vers une agriculture respectant mieux la nature et ses convictions éthiques. Dans son témoignage il a insisté sur le problème de la dépendance des paysans aux banques et les effets structurants des subventions européennes qui induisent une agriculture productiviste aux effets nuisibles. Le taux très élevé de suicides des paysans n'est pas sans lien avec la dépendance aux banques. Dans la prise en compte de ses 8o hectares de surface agricole sont déduites toutes les parties surplombées par des arbres. Le choix de conserver ces arbres sur ses terres lui fait perdre environ 20% de subventions.

 

Après d'avoir rappelé le temps - étonnamment court du point de vue historique - qu'il a fallu pour transformer l'agriculture traditionnelle en la forme d'agriculture qui domine aujourd'hui,  Nathalie Bourras, candidate de la F.I, a exprimé son optimisme quand à la possibilité d'opérer un nouveau tournant vers une agriculture basée sur des valeurs écologiques.

 

Plusieurs intervenants ont témoigné à travers leur vécu du rôle néfaste des lobbies. Certains ont même reçu des menaces inquiétantes.

 

Prenant en compte à la fois la visée politique d'une agriculture de qualité qui respecte l'environnement et l'exigence sociale d'un accès pour tous à une sécurité alimentaire de base, Thomas Guénolé, candidat de la F.I., a développé quelques grandes lignes d'un projet ambitieux qui pourrait permettre d'initier et structurer un tel développement. Inspiré par les idées du sociologue et économiste Bernard Friot, le projet esquissé sur le modèle de la Sécurité Sociale, prévoit une cotisation prélevée sur le revenu des richesses produites (part patronale et salariale). La mise en place d'un tel projet au niveau national ouvrirait un marché d'envergure qui permettrait aux agriculteurs d'opérer un tournant vers une agriculture respectant des exigences écologiques et parallèlement, la production de produits de base de qualité pour le plus grand nombre. Thomas Guénolé a souligné les effets bénéfiques sur la santé publique qu'aurait leur accès à tous.

 

Une question soulevée par une participante au sujet de l'incompatibilité des volontés politiques de la F.I. et les politiques actuelles en matière agricole du Marché Commun - destructrices de l'écosystème - a amené Thomas Guénolé à exposer la stratégie du "Plan A" et du "Plan B": négociations au niveau de Bruxelles pour obtenir un changement de cap, appuyé par le poids de la France, deuxième puissance européenne ou en cas d'échec de celles-ci, "le Plan B", c'est à dire, la non-application de directives jugées destructrices. Le cas échéant - si possible - une application du "Plan B", en alliance avec des autres pays européens. Thomas Guénolé a rappelé les nombreuses différences existantes dans la configuration du Marché Commun actuel, par exemple, les pays qui ont adapté l'Euro et les pays qui ont décidé de garder une monnaie nationale.

 

Lors du débat des accords commerciaux internationaux ont également été mis en cause: "pour pouvoir vendre des voitures en Nouvelle Zélande et en Australie est-il souhaitable et écologiquement soutenable d'importer des viandes et des fruits depuis l'autre coté de la terre?".

Plusieurs intervenants ont posé la question des pesticides, notamment du glyphosate. Parmi eux, Mathilde Panot, députée de la F.I. Elle a insisté avec force sur l'urgence d'en finir avec l'utilisation de ces composants chimiques qui constituent un véritable "permis de tuer". Tout comme hier l'amiante, la dangerosité du glyphosate est aujourd'hui reconnue scientifiquement. Son interdiction constituerait une victoire tant symbolique que salutaire par rapport aux multinationales, tel Monsanto/Bayer.

Le débat entre les participants - environ soixante personnes - a continué à bâton rompu avec un buffet formule auberge espagnole permettant de se restaurer agréablement. Ainsi un jeune homme qui se demandait, au vu des projets évoqués lors de la discussion: si l'habitude de la "malbouffe" n'était pas trop ancrée dans toute une partie de la population? S'est vu objecter que beaucoup d'habitudes nuisibles pour la santé, ont été radicalement mises en cause ces dernières années et qu'il en résulte une considérable prise de conscience parmi les citoyens: tabac, abus d'alcool...

Bjarne

LFI-Quimperlé

 

 

Video de la Réunion publique  du 29 mars 2019 à Ploërdut (56)

Visite de la ferme d'un producteur de lait bio

 

En préalable à la réunion publique "l'Europe va-t-elle sauver l'agriculture bretonne ?"visite de la ferme d'un producteur de lait bio en Centre Bretagne . Avec Nathalie Bourras et Thomas Guénolé, candidate et candidat aux élections européennes, Mathilde Panot, députée LFI, et Pierre-Yves Cadalen, orateur national LFI de Brest.

Écrire commentaire

Commentaires: 1
  • #1

    CUDENNEC Daniel (samedi, 06 avril 2019 09:06)

    Vous nous faites regretter par ce compte-rendu notre absence à ce débat - réunion, mais en ces temps de grande agitation sociale il y a tant de combats à mener que nous ne pouvons être au four et au moulin et malheureusement n'avons pas le don d'ubiquité...
    Dany & Annick