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Centre hospitalier : " Nos valeurs de soignants sont bafouées "

« C’est de pire en pire au vu du flux de patients qui augmente sans cesse. On manque de monde, on manque de place, on manque de tout. Les gens restent des heures et des heures dans les couloirs », déplore une infirmière des urgences du centre hospitalier de Cornouaille qui opérait, à l’appel des syndicats CGT et Sud, avec ses collègues, un débrayage d’une heure ce jeudi après-midi.

« Il y a des gens qui peuvent passer 48 heures sur un brancard aux urgences et ce n’est pas ponctuel, ça arrive souvent maintenant », affirme une autre infirmière, souhaitant, elle aussi, garder l’anonymat. « En début de journée, on tente de garder la motivation mais en fin de journée, on est à cran. Nos valeurs de soignants sont bafouées », poursuit-elle. « Nous ne nous sentons pas en sécurité, tout le monde est débordé », constate Karine Goarec, secrétaire fédérale de la CGT, qui rappelle que la grève a commencé mi-mars dans l’hôpital parisien de Saint-Antoine à la suite des agressions. « Les réunions proposées avec la direction sont de simples espaces d’information, les décisions sont déjà prises », ajoute-t-elle.


Manque de praticiens


Quelques heures plus tôt, Jean-Pierre Heurtel, le directeur, jusqu’alors silencieux, avait invité la presse pour s’exprimer sur le conflit qui agite depuis maintenant plusieurs mois le centre hospitalier, suite à l’annonce d’un plan de retour à l’équilibre budgétaire. Il était accompagné d’Arnaud Sandret, le directeur des ressources humaines et de Laurence Grelet, la directrice des soins. Cette dernière affirme que « l’effectif des urgences a été renforcé, notamment en soirée car le flux est plutôt cyclique ».

Pour Jean-Pierre Heurtel « à Quimper, nous ne sommes pas dans la situation d’autres services d’urgences en France. Il y a, ici aussi un débrayage, mais par solidarité légitime je suppose. Conjoncturellement, il nous faudrait une trentaine de praticiens sur le Chic (Quimper et Concarneau), pour satisfaire aux obligations de Smur et d’urgences. Aujourd’hui, il nous en manque une dizaine ». Il garantit cependant que tout est mis en œuvre pour un prochain recrutement.


Une réorganisation des flux


« Une partie du problème, c’est aussi l’organisation des flux. Nous avons entrepris un travail depuis 2018. L’organisation, autrefois, était faite par spécialités, d’un côté la traumatologie, de l’autre la médecine, quelle que soit la spécificité de la prise en charge. Aujourd’hui, on travaille différemment avec un flux d’ambulatoire et un flux de personnes couchées qui signifie peut-être davantage, l’état de gravité de la prise en charge », détaille Laurence Grelet.

Des travaux commenceraient ce mois-ci pour réaménager les locaux en fonction de cette nouvelle organisation. Actuellement l’attente moyenne aux urgences en ambulatoire est de 3 h 25, 1 h 57 pour les attentes couchées. « Si on compare aux chiffres nationaux, ce n’est pas long », assure-t-elle. « Toutes les urgences vitales passent avant évidemment ». Selon la directrice des soins, les deux tiers des personnes qui se présentent actuellement aux urgences pourraient se rendre chez un médecin généraliste. « Sur une moyenne de 150 passages par jour, trente personnes sont hospitalisées et seuls cinq patients présentent une vraie urgence vitale », reproche Laurence Grelet. Un moyen de rappeler à chacun que la situation actuelle des urgences, c’est l’affaire de tous.

Source : Le Télégramme

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