Devant chaque ruche, un tas d’abeilles mortes. Et beaucoup de vivantes n’ont plus la force de voler…
Dany Cado est apiculteur depuis 25 ans, à Querrien, une commune du pays de Quimperlé. Depuis début juin, il a perdu près de 10 000 abeilles par ruches. Il s’interroge. Et attend des explications.
Dany Cado est apiculteur, cidrier, jardinier, bref, un retraité actif, heureux dans son jardin. De temps en temps, il s’accorde un quart d’heure de rêverie, assis sur son billot, dos contre un pommier et se plaît à simplement regarder le ballet des abeilles.
Les abeilles, c’est sa passion : il a neuf ruches chez lui à Kerhuel et six à Nohennec. Mais début juin, « je me suis rendu compte que l’activité était bien moindre autour des ruches, annonce-t-il. Qu’est-ce qu’elles ont mes abeilles ? »
Il s’approche jusqu’à 50 cm de la première ruche et découvre dans l’herbe, une couche noire et nauséabonde : des milliers d’abeilles crevées. En général, il en meurt 10/15 par ruche et par jour, c’est normal. Mais là, c’est entre 5 000 et 10 000 par ruche qui ont péri en huit jours.
Des analyses en Allemagne
« Ça fait quand même 10 à 20 % de la population » compte notre homme. Il reste cependant un semblant d’activité sur le pont d’envol, le petit quai en bois devant la ruche. Les butineuses sont là, certaines très faibles.
« Les gardiennes ne les laissent pas entrer ; elles ont dû détecter quelque chose d’anormal sur celles qui reviennent de butiner. Les saines entrent, les autres restent à l’entrée. Elles vont crever là. Demain matin, le tas sera plus haut », déplore-t-il.
Ne reste plus que les jeunes abeilles qui viennent d’éclore. « Elles se nourrissent du peu de miel que les butineuses avaient rapporté avant la catastrophe », observe Dany. Une seule ruche est préservée : « celle que j’ai ramenée de Nohennec. Là-bas, c’est le paradis, ça butine, tout va bien et les ruches sont populeuses. Que s’est-il passé à Kerhuel ?, s’interroge-t-il. Qu’ont-elles butiné ? Et où ? »
Le 5 juin dernier, dès qu’il a remarqué l’hécatombe, Dany a prévenu l’Omaa, (Observatoire des mortalités et des affaiblissements des abeilles), créé en 2017, qui a dépêché une vétérinaire habilitée.
Elle a effectué des prélèvements qui devaient être envoyés en Allemagne pour être analysés. « J’attends toujours les résultats. La vétérinaire m’avait assuré que l’activité allait repartir. Vingt jours après, les abeilles crèvent toujours. C’est hallucinant. Ça ne m’est jamais arrivé auparavant », tempête Dany, qui est apiculteur depuis plus de 25 ans, connu pour son sérieux et son expérience en la matière.
Le frelon asiatique serait-il en cause ? « Rien à voir », tranche l’homme, qui est également référent dans la commune pour le frelon asiatique.
L’an passé, on a compté jusqu’à 80 % de mortalité chez les abeilles. La Bretagne a été particulièrement touchée. « En haut lieu, on va nous taxer de mauvaise pratique apicole, ou balayer tout ça en disant que la raison est multifactorielle », conclut Dany Cado, avec amertume.
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