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Brest. « Il n’est pas là Trump ? » : un G7 dans l’indifférence populaire

Le téléphérique ne vole pas. Personne n’ira aux Capucins ce vendredi, car il abrite ce que la démocratie parlementaire des pays les plus riches fait de mieux : la réunion des présidents des chambres basses du G7. À Brest. Parfaitement. Un événement, un vrai, qui a contraint la ville et la préfecture à déployer l’artillerie lourde en matière de sécurité. Alors, on a barrièré, bouclé, interdit tout un tas de rues au pied du pont de Recouvrance. Le tram s’est arrêté, les rideaux de fer des commerces se sont abaissés. Un événement, vous dit-on.

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Dès la matinée, plusieurs rues proches du téléphérique étaient bouclées. (Le Télégramme/Steven Le Roy)

 

Reste qu’à l’heure du spectaculaire déploiement, l’effervescence citadine est à peu près aussi vive que celle d’un soda ouvert depuis deux semaines. « Les gens savent, alors ils ne viennent pas. Les rares qui nous interpellent sont les derniers touristes ou alors quelques Brestois qui ne sont pas au courant » confie un policier. Comme cette adolescente qui prend la parole au nom de son petit groupe et demande aux gardes du périmètre sacré : « c’est bloqué partout ? ». D’un geste, le factionnaire lui indique l’échappatoire le plus proche. Et elle, sereine, « ah bien. Alors, on s’en fout ». Cruelle jeunesse.

Une ville en état de siège pour que dalle

Course contrariée


Un peu plus loin, cette dame sortie de l’adolescence depuis un moment s’entretient avec les forces de l’ordre. « Pourquoi vous bloquez la rue ? » s’inquiète-t-elle un peu. « C’est le G7 des parlementaires madame » répond-on. « Il est là Trump ? » manque-t-elle de défaillir. « Des parlementaires madame » insiste l’interlocuteur. Elle est alors partie, peut-être même avec une pointe de déception. Cruel âge adulte. Et cruelle sportive, contrainte de dévier sa course à pied en suivant le geste d’un policier en maugréant, « ils font ch… ces parlementaires ».

Bref. À l’heure où les Capucins phosphoraient en bleu sur l’avenir de la mer, la ville hôtesse s’en battait l’œil d’une force assez inouïe, juste un peu narquoise dans les cafés voisins sur « le week-end de vacances de ces gens » alors que « les commerces ne seront pas indemnisés pour la perte due à la fermeture obligatoire ».

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Sous la pluie, une petite cinquantaine de personnes sont venues écouter le bagad de Lann Bihoué, sur le parvis de l’Hôtel de ville. (Le Télégramme/Rémy Quéméner)

Bombardes à vide


Alors, il était de bon ton d’attendre le soir venu et la promesse de l’aubade du bagad de Lann-Bihoué sur une place de la Liberté certainement pleine jusqu’aux cintres. Mais là encore, le public est maigre comme un cent de clous. Personne ou presque sous une pluie désormais abondante. C’est aux extérieurs que les railleries se font entendre sur « une ville en état de siège pour que dalle » et l’apparent désespoir de ce jeune homme ne reconnaissant plus « mon, notre centre-ville ».

 

Dans le lointain, les premières notes s’échappent devant une foule comptée moins nombreuse que la présence policière in situ. Une cinquantaine à peine écoutant en un seul rang les tambours binaires plantés dans le vide d’une place où s’agrègent progressivement les huiles à l’abri de l’hôtel de ville, bientôt rejoint par les musiciens à plus de 50 m du premier rang du peuple. Comme un sentiment anxiogène et inédit devant un concert, rarement ressenti même dans la furia des grandes foules des festivals. La faute aux snipers embusqués sur les toits, peut-être.

Source Télégramme

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