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Directeur d’école. « J’étais au bord du burn-out »

« Son geste dans l’école de Pantin, accompagné de lettres dans lesquelles elle déplore la dégradation de ses conditions de travail, témoigne d’une situation d’extrême souffrance au travail qui fait écho au mal-être de l’ensemble de la profession », résume un texte de l’intersyndicale lu après la lettre poignante de la directrice, ce jeudi, devant l’Inspection académique, à Ty Nay. Deux directeurs témoignent de cette réalité. L’un peut s’exprimer publiquement, libéré de la pression de la hiérarchie, l’autre préfère rester anonyme.


Plus de 50 heures de travail par semaine


Yannick Gloaguen a pris sa retraite anticipée en juin dernier après 40 années d’enseignement et 20 ans de direction d’une école dans le Pays bigouden. « J’ai eu jusqu’à onze classes et 300 élèves. J’avais une décharge de direction à mi-temps. Deux cent cinquante enfants, c’est l’équivalent d’un petit collège or on est seul, sans comptable, sans conseiller principal d’éducation. Bien sûr, nous n’avons pas les mêmes charges mais je n’en pouvais plus. J’étais près du burn-out avec plus de 50 heures de travail par semaine ». « Il y avait l’impression d’être lâché dans la nature sans soutien, avec de plus en plus d’ordres administratifs auxquels il fallait répondre très vite. L’informatique a apporté des difficultés supplémentaires en obligeant à tout faire dans l’urgence. C’était très épuisant. Il fallait être fort psychologiquement. Si on n’est pas soutenu par la municipalité, les collègues, l’administration, on peut vite péter les plombs. J’ai eu la chance d’être soutenu par les élus et une inspectrice d’académie ».


« Nous n’avons aucune aide administrative »


Le directeur d’une école quimpéroise confirme ce ras-le-bol. « Il y avait tout dans la lettre de la collègue qui s’est suicidée. Ce qui ne va pas, c’est qu’on doit tout faire tout le temps à tout moment.

On a une administration qui est aveugle, sourde,
mais qui n’est pas muette

Nous n’avons jamais la tête au repos, d’autant que nous avons aussi une classe à encadrer. On la malmène car on ne peut pas tout faire. C’était un métier paisible, qui s’est dégradé. Avec le malaise social, sociétal, l’école prend tous les coups. Ce qui a changé, c’est la charge de travail. Je vis très mal depuis quelques années l’informatique qui devait nous aider et qui nous pèse. Nous n’avons aucune aide administrative et on nous demande d’être une courroie de transmission avec la mairie, l’Éducation nationale, la santé scolaire, les parents, les enseignants. On a une administration qui est aveugle, sourde, mais qui n’est pas muette ».

Source : Télégramme

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