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Pisseurs volontaires. Vingt-neuf plaintes au tribunal de Quimper

« Nous regrettons que les agriculteurs ne s’associent pas à notre démarche, dit Marie. Notre but n’est pas de dénoncer des personnes mais un système dans lequel ils sont aussi en souffrance. Ce n’est pas de l’agri-bashing. Nous portons plainte d’abord contre les fabricants et les décideurs politiques. Nous attendons des solutions des institutions ».

Réunis ce jeudi, vers 13 h, devant le Palais de Justice de Quimper, les pisseurs volontaires ont voulu mettre les choses au point, car les tensions montent entre certains agriculteurs et les défenseurs de l’environnement. Depuis 2018, les actions médiatiques des opposants aux pesticides se multiplient. En novembre dernier, deux Cornouaillais dont les urines contenaient du glyphosate avaient déjà déposé plainte au tribunal de Quimper. D’autres pisseries ont eu lieu ces derniers mois dont une, samedi, à Trégunc. Il faut ensuite le temps que les échantillons soient analysés. Les 29 plaintes déposées, ce jeudi, à Quimper émanaient d’un groupe ayant pissé en avril dernier à Pont-Croix.

Le mouvement des pisseurs sait bien que la crédibilité de leur geste exige un protocole très rigoureux. Chaque participant doit suivre des consignes précises : les prélèvements ont lieu le matin, à jeun depuis au moins minuit la veille, sous le contrôle d’un huissier. Les échantillons sont ensuite acheminés vers un laboratoire allemand.


Vingt-huit pisseurs dans le rouge sur 29


Il n’y a pas de barème quant au taux de glyphosate dans les urines. Pour juger l’impact de la contamination aux pesticides, les pisseurs se basent sur les recommandations de leur présence dans l’eau potable. Le seuil admissible est de 0,1 ng/ml. « Suite à la pisserie de Pont-Croix, seule une personne sur 29 était sous ce seuil, résume Marie. Le taux maximum relevé était de 3,06 ng/ml ». « Nous portons donc plainte individuellement pour mise en danger de la vie d’autrui, tromperie aggravée, atteintes à l’environnement (destruction de la biodiversité, pollution des cours d’eau, des nappes phréaiques, des sols…)… contre toute personne impliquée dans la distribution et la large diffusion dans l’environnement de molécules probablement cancérigènes de glyphosate ».

« Nous n’avons toujours pas eu de nouvelles concernant nos plaintes de novembre 2018, constate une autre militante. Cela prendra du temps ».


Des analyses qui interrogent


L’affaire se joue aussi sur le plan médiatique. Début septembre, 20 agriculteurs du Morbihan ont répliqué à la campagne anti-glyphosate en effectuant également des prélèvements d’urine à l’hôpital de Vannes. Résultat : 0 glyphosate pour tous. C’est un laboratoire français qui a cette fois analysé les prélèvements selon une méthode différente.

« Nous regrettons que les agriculteurs n’aient pas choisi le même protocole que nous », dit Marie qui estime qu’une telle différence de résultat pose problème, car tout le monde est exposé aux glyphosates. « Quoi qu’il en soit, ce pesticide n’en est qu’un parmi des milliers d’autres et les effets des adjuvants qu’ils contiennent ou de leur association ne sont pas étudiés, ajoute Jean. Or on constate qu’il n’y a pas assez de moyens pour les expertises au point que ce sont les analyses faites par les fabricants qui sont parfois utilisées ».

Les pisseurs, eux, continuent à payer de leur personne. Un prélèvement avec analyse leur revient chacun à 140 €.

Source : Télégramme

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