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Gilets jaunes. Un an de prison ferme pour l’ex-boxeur Christophe Dettinger, peine aménageable en semi-liberté (OF.fr-13/02/19-23h14)

Christophe Dettinger (à droite) le 5 janvier 2019, pendant les heurts sur la passerelle Léopold-Sédar-Senghor à Paris

 

Au terme d’une audience tendue, ce mercredi, à Paris, le manifestant jugé pour avoir frappé des gendarmes, le 5 janvier, a été condamné à trente mois de prison, dont dix-huit avec sursis. Le ministère public avait requis trois ans de prison, dont un avec sursis.

 

Christophe Dettinger a été reconnu coupable, ce mercredi, pour des violences commises sur des gendarmes. Il écope de trente mois d’emprisonnement, dont 18 mois avec sursis. Sa peine, correspondant à douze mois de prison ferme, sera aménageable en semi-liberté.

Le tribunal l'a également condamné à une interdiction de séjour à Paris pendant six mois, et à indemniser ses victimes, respectivement à hauteur de 2 000 et 3 000 euros.

« Vous dormirez en prison, mais vous pourrez continuer à travailler »

« M. Dettinger, cela veut dire que ce soir vous dormez en prison. D'ici cinq jours, vous passerez devant le juge d'application des peines d'Evry, qui va mettre en place un régime de semi-liberté : vous dormirez en prison, mais vous pourrez continuer à travailler », a expliqué la présidente.

 

La joie a éclaté à l'extérieur de la salle, une fois la « bonne nouvelle » digérée par la famille et les proches du « boxeur ». Chants et sifflets.

Le procureur avait requis trois ans de prison dont un an avec sursis et mise à l’épreuve contre l’ex-boxeur, jugé pour avoir violemment frappé deux gendarmes le 5 janvier, en marge de l'« acte 8 » des Gilets jaunes, à Paris.

 

« M. Dettinger se prépare, réajuste ses gants. Il frappe, vise la tête. Il est dans la toute-puissance. Ces scènes sont d’une violence inouïe et doivent être sanctionnées », selon les mots du procureur.

Des images marquantes

L’ancien boxeur, qui a déjà passé plus d’un mois en prison, devait répondre de violences volontaires en réunion sur personnes dépositaires de l’autorité publique ayant notamment entraîné une incapacité temporaire de travail supérieure à huit jours, un délit passible de sept ans d’emprisonnement.

Les images avaient marqué le huitième samedi de mobilisation des Gilets jaunes, dans la capitale. Et suscité un vif émoi. On y voit le père de famille de 37 ans, ancien champion de France de boxe, assénant une série de coups de poing à un gendarme sur une passerelle surplombant la Seine, avant d’en frapper un autre au sol.

Vite identifié et recherché, Christophe Dettinger s’était constitué prisonnier le lundi suivant, avant d’être écroué dans l’attente de son procès.

Effervescence dans les couloirs du palais de justice de Paris, ce mercredi 13 février.

« J’ai voulu empêcher une injustice », se défend le prévenu

À l’audience, il répète avoir eu un « accès de colère », d’abord parce que le cortège des manifestants a été bloqué par les forces de l’ordre, puis en voyant « des Gilets jaunes matraqués ».

 

Et notamment une « femme au sol sur la passerelle. C’est là que je me jette sur le gendarme. Et je tape », explique-t-il, en renouvelant ses regrets. « J’aurais dû juste le pousser », poursuit-il, après les vidéos diffusées à l’audience, devant l’un des deux militaires blessés, qui se sont constitués parties civiles. Lui s’était vu prescrire deux jours d’incapacité totale de travail, l’autre quinze jours, mais est toujours en arrêt.

 

« J’ai voulu empêcher une injustice et j’en ai créé une autre », lâche le prévenu. Il affirme avoir été « dans la même colère », en frappant le casque du deuxième gendarme. Mais ce dernier nie avoir donné des coups de matraque, comme le prétend le Christophe Dettinger. La présidente note aussi qu’on ne voit rien dans les vidéos.

« Il a voulu casser du flic », selon les parties civiles

Murmures dans la salle bondée, où se trouvent de nombreux proches de l’ex-boxeur. Le ton monte aussi avec les avocats de la défense, agacés par des questions sur la fuite de Christophe Dettinger juste après les faits. « Pour mettre ma famille à l’abri et trouver un avocat », dit-il, « reconnaissant tous les faits » reprochés.

L'avocat Me Henri Leclerc est venu assurer la défense de Christophe Dettinger.

 

Des « faits très graves, il a voulu casser du flic, selon les parties civiles. Le droit de manifester n’est pas le droit de blesser ou de tuer. »

Il s’adresse aux gendarmes

Pour la défense, Me Laurence Léger souligne que « c’était un coup de colère de cinq minutes. Il n’a rien contre la police ou la gendarmerie. Il admire même la fonction, il était candidat réserviste ». Me Hugues Vigier, note encore qu’il « mérite une peine sévère mais pas exemplaire ».

 

« Vous n’avez pas à juger que dix minutes de sa vie, je vous demande de rendre une justice juste », conclut Me Henri Leclerc, insistant sur la personnalité de son client : « Un homme adoré partout. Un homme simple, un homme du peuple, qui s’est cultivé pour progresser. J’ai vu un homme qui était bouleversé par ce qu’il avait fait. »

 

Christophe Dettinger a pris la parole une dernière fois avant que l’audience soit suspendue. « J’ai jamais menti, dit-il. Monsieur le gendarme, je suis coupable de tous les coups que j’ai pu vous porter. Je suis conscient que ça a pu vous toucher physiquement et psychologiquement. La violence, ça n’est pas mon état d’esprit. J’ai été boxeur. Je ne suis pas un casseur, un bagarreur […]. J’ai honte de ce que j’ai fait. »

 

Philippe MIRKOVIC

source: https://www.ouest-france.fr/societe/justice/gilets-jaunes-deux-ans-de-prison-ferme-requis-contre-l-ex-boxeur-christophe-dettinger-6222854

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