Quel programme pour l'Europe ? Les réponses de Manon Aubry, tête de liste LFI

Marianne a adressé un questionnaire aux principales têtes de liste des élections européennes du 26 mai. Tous ces candidats ont répondu par écrit à ces questions, par oui ou par non. Retrouvez ici les réponses de toutes les têtes de liste.

• Etes-vous favorable à l’ouverture de négociations commerciales avec les Etats-Unis, avalisée le 15 avril par les Etats membres ?

Non. Les négociations avec les Etats-Unis s’apparentent à un retour du TAFTA, rejeté par les peuples européens. Cet accord commercial soutiendrait un libre-échange destructeur de nos emplois, de nos conditions sociales et de notre environnement.

• Faut-il réformer le droit européen de la concurrence pour permettre des fusions du type Alstom-Siemens, interdite par la Commission en février ?

Oui. Abandonnons l’absurdité de la « concurrence libre et non faussée » pour avoir des champions industriels français et européens. Surtout, il faut changer ce droit pour protéger nos services publics et pouvoir investir dans nos secteurs stratégiques. Les aides d’Etats, interdites aujourd’hui, ont permis Ariane et tant d’autres succès.

Abandonnons l’absurdité de la « concurrence libre et non faussée » pour avoir des champions industriels français et européens.

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• Faut-il respecter les critères de Maastricht, qui interdisent un déficit public supérieur à 3% du PIB ?

Non. Cette règle n’a pas de fondement économique et nous sommes les seuls au monde à l’appliquer. Elle sabote nos services publics, hôpitaux, écoles, maternités et gares, et nous empêche de financer la transition écologique. L'urgence sociale et climatique nous impose de transgresser cette règle infondée.

• Faut-il mettre en place un budget de la zone euro ?

Non. En l’état, l’euro est une devise contrôlée par la BCE et, de fait, l’Allemagne, qui en ont fait un outil d’austérité et de chantage. La mise en place d’un budget pour la seule zone euro exclurait sans raison d’autres pays d’Europe. Sans contrôle démocratique sur son usage en soutien à l’emploi et à l’écologique, ce budget n’est pas acceptable.

• Faut-il supprimer le règlement de Dublin, qui prévoit l’examen d’une demande d’asile dans le pays d’entrée du migrant ?

Oui. Ce règlement place les exilé.e.s dans des situations absurdes où ils ne peuvent ni rejoindre le pays qu’ils souhaitent, ni être régularisés dans celui où ils se trouvent. Le politique d’accueil doit être coordonnée sur une base de solidarité et de bon sens.

• Faut-il créer un mécanisme européen de droit d’asile ?

Non. Un mécanisme européen de traitement des demandes d’asile serait une grave atteinte à la souveraineté des Etats membres. Au niveau européen, les accords de Dublin doivent faire place à une logique de coopération des Etats et de convergence des règles de chacun.

Mettre en place une taxe carbone aux frontières favoriserait les productions écologiques et de proximité et s’opposerait ainsi au déménagement du monde.

• Voterez-vous la réforme de la politique agricole commune (PAC), qui prévoit une baisse de son budget et une plus grande latitude des Etats ?

Non. La réforme de la PAC est une priorité pour orienter les aides vers l’agriculture locale, biologique et écologique. Son budget ne doit pas baisser : nos agriculteurs précarisés ont besoin d’aide, et il faut accompagner la transition agroécologique.

• Faut-il instaurer une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne ?

Oui. C’est un élément-clé du protectionnisme solidaire. Mettre en place une taxe carbone aux frontières, sans dérogations, favoriserait les productions écologiques et de proximité et s’opposerait ainsi au déménagement du monde.

• Faut-il instaurer un salaire minimum européen ?

Oui. L’harmonisation sociale doit redevenir un objectif européen. Nous souhaitons instaurer un salaire minimum dans chaque pays européen, à 75% du salaire médian, avec un mécanisme de convergence rapide entre les pays vers un SMIC européen digne.

Il n’existe pas de souveraineté populaire européenne. il ne peut donc exister d’armée européenne.

• Faut-il sortir de l’Otan ?

Oui. L’Otan est une organisation passéiste dont les interventions contestables se sont multipliées. Il faut en sortir pour retrouver une voix française indépendante et respectée, pour favoriser la paix et le droit international et pour une défense indépendante de Trump.

• Faut-il créer une armée européenne ?

Non. La défense et l’usage de la force militaire doivent se faire dans le cadre de la souveraineté populaire. Il n’existe pas de souveraineté populaire européenne. il ne peut donc exister d’armée européenne. La France doit conserver son indépendance militaire de l’Europe, et au-delà d’elle, des Etats-Unis.

• Concernant le Brexit, faut-il exiger des Britanniques qu’ils sortent de l’Union européenne le plus vite possible, quitte à ne pas trouver d’accord ?

Non. Le choix du peuple britannique de sortir de l’Union européenne est l’expression de la souveraineté populaire, il doit être respecté et mis en œuvre sans esprit de revanche. Mais les conditions de sortie doivent garantir l’intérêt général des britanniques et européens.

• Faut-il accepter l’adhésion d’autres Etats à l’Union européenne ?

Non. Toute acceptation de demandes d’autres Etats doit être conditionnée à l’harmonisation sociale, fiscale et environnementale. À défaut, ce serait seulement un élargissement de la guerre économique et du dumping.

La France doit exiger avec la plus grande fermeté la renégociation générale des traités de l’Union européenne.

• Au fait, la France doit-elle rester dans l’Union européenne ?

Oui. Dans un premier temps, la France doit exiger avec la plus grande fermeté la renégociation générale des traités de l’Union européenne, et refuser d’appliquer les règles empêchant tout programme social et environnemental ambitieux. Il n’y a pas d’Europe sans la France.

• Faut-il changer les traités européens ?

Oui. Les traités européens organisent le dumping social et fiscal, nous forcent à mener des politiques d’austérité, à anéantir nos États et leurs investissements publics. En changer est essentiel pour une politique de progrès social et écologique libérée du poids libéral de la Commission.

• Savez-vous dans quel groupe politique vous siégerez au Parlement européen ?

Oui. Nous rejoignons un groupe de gauche qui assume la rupture totale avec la construction actuelle de l’Union européenne.

• Pensez-vous qu’il existe un peuple européen ?

Non. L’Europe est formée de peuples distincts. La culture, l’autonomie et la souveraineté de chacun doivent être préservées. Une coopération de ces peuples dans le cadre d’un protectionnisme solidaire est nécessaire pour répondre aux défis économiques, sociaux et environnementaux.

 

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