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Coronavirus : les médecins cubains s’exportent à travers le monde

Revêtus d’une blouse blanche, ils posent fièrement à La Havane, devant un portrait de Fidel Castro, avant de s’envoler pour l’Italie. Samedi 21 mars, 52 médecins et infirmiers cubains, issus de la brigade médicale internationale Henry Reeve de Cuba International Medical Brigade, ont posé leurs bagages dans le pays d’Europe du Sud, le plus frappé au monde par la pandémie de Covid-19, afin d’apporter leur aide au personnel médical de la Lombardie, la région italienne qui compte le plus de victimes.

 


 

Réputés pour leur compétence – le pays de 11,5 millions d’habitants ne compte pas moins de 34 universités de médecines -, les soignants cubains ont aussi été appelés à la rescousse dans d’autres pays touchés par la pandémie, Jamaïque ou Nicaragua notamment. En France, des députés de tous bords politiques ont écrit au premier ministre Édouard Philippe pour demander en urgence leur aide pour faire face à l’épidémie de coronavirus.

 

« Un devoir révolutionnaire »

 

Habitués des coopérations internationales, les médecins cubains opèrent toute l’année en Algérie, au Venezuela, au Brésil, au Pakistan ou en Haïti. Plus de 50 000 professionnels de santé cubains travaillent ainsi dans plus d’une quarantaine de pays à travers le monde. Selon le ministère de la Santé cubain, plus de 76 000 médecins officient à Cuba, ainsi qu’environ 15 000 dentistes et 89 000 infirmières.

 

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L’équipe de médecins cubains envoyés en Italie a déjà eu affaire à la gestion de virus exotiques mortels. Trente des membres de cette « brigade » avaient été mobilisés, en 2014, pour lutter contre l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, à l’appel de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

 

Cette fois, l’équipe a été envoyée en Italie à la demande des autorités sanitaires lombardes, elle devra rester au moins trois mois sur place. « Nous avons tous peur, mais nous avons un devoir révolutionnaire à remplir, alors nous mettons la peur de côté », a déclaré Leonardo Fernandez, spécialiste en soins intensifs, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée à la Havane avant le départ.

 

L’arrivée des médecins cubains a été abondamment saluée dans la presse transalpine. Dans un éditorial pour le quotidien La Stampa, l’écrivaine Antonella Boraveli écrit ainsi : « Les touristes occidentaux ont visité Cuba avec cette supériorité, déguisée en empathie, qui se cache derrière des petites phrases assassines comme : « Regardez comment vivent ces pauvres gens ». Les pauvres gens maintenant, c’est nous. Nous l’Italie, un pays riche. Nous qui n’avons pas pu arrêter ce virus à temps (…). Les médecins cubains qui sont venus risquer

 

leur vie pour nous ont été salués par des applaudissements, d’abord incertains puis écrasants ».

 

Un internationalisme médical cubain

 

S’il s’agit en l’occurrence d’une première collaboration entre l’Italie et Cuba, le pays communiste est, depuis la révolution menée par Fidel Castro il y a plus de soixante ans, un habitué des coopérations médicales à l’internationale. Dès 1959, une moitié de ses 6 000 médecins quittaient l’île pour fuir le régime castriste. Pour remédier à cette hémorragie, Fidel Castro avait alors mis sur pied un système de formation médical important, faisant de la santé une priorité pour le pays.

 

Depuis, l’exportation de ce savoir médical partout dans le monde est devenue la première ressource financière du pays. En 1963, La Havane envoyait en Algérie sa première « brigade médicale cubaine en mission internationale ». Désormais, les médecins cubains officient dans une quarantaine de pays, auprès de ses alliés politiques, Venezuela ou Nicaragua, mais aussi en Jamaïque.

 

Pour Cuba, les derniers chiffres de contamination au coronavirus font état de 40 cas de personnes touchées par le coronavirus, et un mort.

 

 

Source : La Croix

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