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À Quimper, une centaine de Gilets jaunes relance le mouvement

« Ce matin, on a entendu des klaxons comme dans les premières heures du mouvement, cela fait chaud au cœur ». Debout en haut des escaliers surplombant la place de la Résistance, Christelle a le sourire. Il est 13 h 15, en ce 12 septembre. Autour d’elle, une vingtaine de personnes. Certaines déjeunent. Le rendez-vous n’est prévu qu’à 14 h.

Dans son sac, la Quimpéroise désormais Lorientaise a sa chasuble jaune. « Elle n’est plus si jaune que cela, avec tous les messages inscrits au fur et à mesure des actes ». De la première heure ou de la dernière, cela arrive au compte-gouttes. Smartphones à la main branchés sur les groupes des gilets jaunes, on cause de ceux montés à Brest, à Nantes ou à Paris, en ce samedi.

« Il y a un ras-le-bol général, exacerbé par une gestion de la crise de la Covid qui n’a été que du grand n’importe quoi, continue Christelle. D’abord les masques n’ont pas été obligatoires puis le sont désormais… On aurait dû les porter depuis longtemps ! ». Fred, dit « Ghostrider » embraie, un coup d’œil à son pin’s gilet jaune accroché sur sa veste en jeans : « C’est vraiment un tout ». Là depuis l’acte I le 17 novembre 2018, il est venu pour « relancer le mouvement », quelque peu endormi depuis la fin de l’année 2019.

« Avec l’histoire de la Covid pour remettre une couche »

Tout comme Sylva, arrivée à 13 h 45, gilet jaune en boule dans la main. « On reprend le mouvement, avec l’histoire de la Covid pour remettre une couche », explique la retraitée, les longs cheveux blancs striés de blond. « Et pour parler de la gestion économique, intervient Danakis. La Covid a bon dos pour les licenciements ». Au RSA après une carrière en tant qu’artisan, lui a du mal à trouver du travail. « Encore plus depuis le début de la crise sanitaire ». Sylva acquiesce : « Moi, je suis à la retraite donc je ne suis pas à plaindre. Je ne viens pas pour moi. Si je me bats, c’est pour les autres, pour mes enfants et mes petits-enfants, qu’ils aient les acquis pour lesquels nos parents et grands-parents se sont battus ».

À Quimper, une centaine de Gilets jaunes relance le mouvement
(Le Télégramme/Hélène Caroff)

Il est 14 h 10. Les chasubles sont enfilées. La police motorisée est installée près des parkings de Locmaria, attendant le départ du cortège. Jeannine, blouse blanche sur le dos, passe d’un groupe à l’autre. Yves, sa profession épinglée à son gilet, fait de même. Soignants tous les deux, ils ont été en première ligne pendant la crise sanitaire. « Je suis aide-soignant à domicile dans les Montagnes noires », sourit-il, alors que Gilbert arrive avec des ballons jaunes. La crise ? « On a pu avoir le matériel, notamment grâce aux personnels d’usine qui nous ont donné des masques. Cela nous a permis de travailler en sécurité pour nous et pour nos patients ».

Une marche silencieuse

Une de ses collègues a eu la Covid-19. « On continue à suivre les préconisations, même si les gants commencent à manquer, après les masques… C’est vraiment stressant. On a toujours la hantise de ramener le virus chez nous ou de l’envoyer chez nos patients ». La hausse du nombre de cas ? « Moi, je me fie au nombre de lits occupés en réa, pas de la hausse des cas ». Yves s’inquiète « un peu des mois à venir car on ne sait pas où on va ». C’est justement pour cela qu’en ce samedi, il est présent, place de la Résistance, à Quimper. Et comme la petite centaine de personnes désormais présente, il sait où il va : réaliser une marche silencieuse sur les quais, avant de revenir.

Article du Télégramme

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