· 

POINT DE VUE. Deux ans après le plan pauvreté, les plus pauvres oubliés !

Partagez

Si la crise a été un miroir grossissant des inégalités, les mesures prises pour éviter que ne se renouvelle une catastrophe pour les plus pauvres sont loin d’être à la hauteur.

Bien loin semble l’ambition de la Stratégie nationale de prévention de lutte contre la pauvreté, présentée il y a tout juste deux ans par Emmanuel Macron. Le président de la République affichait alors sa volonté d’éradiquer la grande pauvreté d’ici une génération. Ce n’est pas un plan de charité, car il ne s’agit pas de permettre de vivre un tout petit peu mieux dans la pauvreté, il s’agit de sortir de la pauvreté, promettait-il. Depuis, combien sont venus grossir les rangs des distributions alimentaires sans que le gouvernement ne prenne la lutte contre la pauvreté à bras-le-corps ?

Se contenter des miettes

La disparition du secrétariat d’État à la lutte contre la pauvreté à la faveur du dernier remaniement – quand plus de 14 % de la population vit sous le seuil de pauvreté et au moment où la crise sanitaire risque d’augmenter ces chiffres – est un mauvais signal qui vient s’ajouter à une longue liste.

Que dire de la création d’un Comité visant à organiser l’aide alimentaire quand le gouvernement refuse d’octroyer à chacun un revenu décent permettant de vivre dignement ?

Que dire encore du plan de relance présenté début septembre quand les mesures de soutien aux personnes précaires ne représentent que 0,8 % des 100 milliards débloqués. Les plus pauvres devront se contenter des miettes. Des mesures qui auraient pu avoir une autre envergure si le gouvernement s’était inspiré de l’expérience des personnes concernées à partir des recommandations du 5ème collège du CNLE, composé de personnes en situation de pauvreté, à qui on a demandé son avis… pour fin septembre !

Que dire des mesures concernant le logement et dont une grande part est consacrée à l’hébergement d’urgence alors que le manque de logements accessibles aux plus pauvres engorge les hébergements ?

Que dire de cette fausse bonne idée de renforcer les internats d’excellence, qui renvoie aux plus en difficulté une image désastreuse de leur environnement qui ne serait pas propice aux études. Bien loin semble l’ambition d’une école de la réussite pour tous.

Accéder aux droits fondamentaux

Bien loin semble l’ambition de permettre l’accès de tous aux droits de tous et l’engagement de la France vis-à-vis des Objectifs de développement durable, notamment la promesse de ne laisser personne de côté. ATD Quart Monde n’a eu de cesse de se battre pour faire reconnaître la pauvreté comme une violation des droits de l’Homme. Cela implique de sortir de l’assistance pour permettre à chacun d’accéder aux droits fondamentaux et de vivre dignement.

Soyons clairs : les mesures d’urgence sont indispensables, voire vitales. La crise actuelle le démontre. Mais quand elles sont rendues nécessaires par un système politique qui n’a pas pris les mesures en amont pour les éviter et qui n’envisage pas de réformes structurelles pour qu’elles ne se reproduisent plus, c’est intolérable.

Le plan de relance préconise le renforcement des moyens aux associations. Elles sont absolument nécessaires quand il s’agit d’accompagner vers l’accès aux droits, mais encore faut-il que ces droits soient effectifs. À défaut, elles sont utilisées pour combler des besoins primaires qui permettent tout au plus de survivre. Ce gouvernement qui appelle les uns et les autres à la responsabilité doit se réengager avec tous les citoyens dans le soutien aux plus précaires !

article du Ouest France

Écrire commentaire

Commentaires: 0