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La commune de Briec accueillera bien Amazon !

À Quimper, un débat politique de qualité a clos, ce jeudi, la polémique de l’implantation d’Amazon à Briec. Le vote, qui n’était que consultatif, s’est révélé favorable au géant du e-commerce mais Isabelle Assih, présidente de QBO, a redit qu’il ne s’agissait pas d’un blanc-seing.

« Chacun va voter en conscience. Je me conformerai à l’avis de ce vote pour continuer le travail engagé ou le remettre en question ». Isabelle Assih, la présidente de QBO, relit la question posée : « Êtes-vous favorable à l’implantation d’une base logistique Amazon à Briec ? ». Il est 20 h, l’urne accueillant les 56 bulletins des élus communautaires commence à circuler autour de l’hémicycle installé dans le hall Artimon du pavillon de Penvillers. Quelques minutes plus tard, le résultat tombe : 30 bulletins pour, 21 contre, quatre blancs et un nul.

« La première exigence est la transparence »

Cette issue était pressentie, tant les forces politiques penchaient de longue date en faveur de ce projet. Mais les partisans et les opposants ont enfin pu exposer leurs arguments, sept mois après un vote opaque, vendant six hectares à Amazon sans que son nom soit une seule fois prononcé. C’est Ludovic Jolivet, ancien président de QBO, qui était directement visé par Isabelle Assih quand celle-ci a rappelé que « la première exigence est la transparence ». Elle est revenue sur les contours du projet : 62 632 m² sur un terrain briécois, idéalement situé en bordure de voie express, vendus 1,25 M€, soit 20 € HT le m², pour accueillir « une plateforme logistique dite du dernier kilomètre, qui a pour objectif de livrer les colis pour la totalité de l’Ouest breton ».

Le vote s’est soldé par trente voix pour, 21 contre, quatre blancs et un nul.
Le vote s’est soldé par trente voix pour, 21 contre, quatre blancs et un nul.

Négociation serrée avec Amazon

Mais un obstacle s’était ajouté à l’opacité du vote de février dernier : le 26 juin, soit deux jours avant le deuxième tour des élections municipales, Ludovic Jolivet avait signé le compromis de vente, « une signature qui était tout sauf une affaire courante. La réalité est qu’elle ne laisse que très peu de moyens d’agir. Ne pas signer nous engagerait dans une voie contentieuse périlleuse », a reconnu Isabelle Assih. Dès lors, l’exécutif de QBO a débuté une négociation serrée avec Amazon pour « signifier que les conditions initiales du projet n’étaient pas acceptables ». Les tractations ont abouti à « l’engagement autour de 80 CDI à temps plein employés par Amazon ; 250 postes de chauffeurs créés par des entreprises partenaires locales, 10 postes d’agents de sécurité en CDI ; aucun temps partiel imposé ; des salaires qui correspondent au Smic plus 20 % ». S’y ajoute « un travail à venir avec les partenaires locaux de l’insertion, Mission locale et Actife en premier lieu ».

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« Qui est en mesure de refuser des emplois ? »

Un débat de grande tenue s’en est suivi. Les opposants ont joué leur baroud d’honneur et, en premier lieu, l’écologiste Martine Petit, la première à débusquer le nom d’Amazon en février dernier, à qui Isabelle Assih a permis de s’exprimer bien qu’elle ne soit pas élue de la collectivité. Elle a demandé au conseil de se prononcer pour un moratoire. « Ce n’est pas notre vote de ce soir qui va bloquer la machine Amazon mais notre non sera perçu comme une rébellion », a renchéri Daniel Le Bigot. La députée Annaïg Le Meur s’est dite partagée : « Je ne suis pas contre Amazon car nous avons besoin que des entreprises étrangères s’implantent en France mais je ne souhaite pas d’un modèle qui ne réponde pas aux mêmes règles fiscales que les autres entreprises ». Arnaud Platel s’est questionné : « Quid des emplois qui finiront automatisés ? », courrouçant Marc Andro : « Qui est en mesure de refuser des emplois ? Aujourd’hui, nous avons réussi à faire reculer Amazon, à faire que le débat soit ouvert. Ce qui va être fait à Briec sera sans doute ce qui se fait de mieux en termes de plateforme. Je sais que ça pose des problèmes fiscaux, mais ce n’est pas notre assemblée qui va les résoudre ! ».

article du télégramme

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