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Crise écologique ou environnementale, lutte contre le réchauffement climatique, quel que soit le terme utilisé, il y a urgence à transformer radicalement notre

Chaque seconde qui passe, et la Covid l’a révélé de manière magistrale, le modèle capitaliste et productiviste nous conduit dans un double mur, celui du creusement des inégalités et le suicide de notre civilisation. Une chose doit être affirmée, la radicalité écologique qu’impose la situation ne pourra pas être réalisée sans un combat de classes. Toutes les études le montrent, le niveau de richesse est corrélé au niveau de pollution. Ainsi en Europe, les 1% les plus riches ont une empreinte carbone 22 fois supérieure à la limite de sécurité de 2,5 tonnes, ce qui représente 55 tonnes de CO2 par personne par an. Nous sommes face à une véritable pollution de classe.

 
Les chiffres sont éloquents, les 10% les plus pollueurs de l’UE représentent 27% de l’empreinte carbone totale de l’UE, soit une contribution plus importante que celle des 50% les plus pauvres ! Pour les classes populaires c’est la double peine. Elles ne profitent pas des richesses du pays, qu’elles créent par leur force de travail, et subissent les conséquences directes de la pollution par la classe possédante. 
 
Au cœur de la bataille à engager se trouvent les biens communs, des éléments qu’il faut sortir des logiques de marché car ils sont le patrimoine de l’Humanité. Je pense à premier lieu à l’eau, mais c’est aussi le cas de l’air, de la santé, de l’éducation. Les récents épisodes caniculaires sont un nouveau signal d’alarme. En 2019, pour la première fois depuis très longtemps des communes ont dû avoir recours à des citernes d’eau potable pour alimenter leurs populations. Trois département, l’Ariège, le Lot et la Corrèze, ont cumulé plus de 100 jours de rupture d’approvisionnement en eau potable. Si des mesures ne sont pas prises, rapidement, pour inverser la tendance, un tiers de la population vivra dans un pays où sévit la pénurie d’eau potable. Passée sous silence par la plupart des médias, la tentative d’OPA de Véolia sur Suez qui aboutirait à un mastondode de l’eau en position de monopole doit nous inquiéter. Les logiques marchandes de prédation, à but purement capitalistiques, sont des plaies qui gangrènent nos sociétés en privatisant des biens communs essentiels à la survie de l’humanité.

L’exemple du fret ferroviaire illustre à merveille cette dualité essentielle qu’est la radicalité écologique et la lutte des classes. Imposer le retour des trains de marchandises dans le cadre d’un monopole public de la route sans engager une lutte sur le dumping social engendré par la route est une utopie. Là où le train paie le sillon pour circuler, où les salariés sont soumis à une réglementation stricte et protectrice, l’industrie de la route se livre à une course effrénée au moins disant social, sans payer les coûts externes, le tout avec une emprunte carbone plusieurs fois supérieure. Il est temps d’imposer une eco taxe régionale, et de lancer des mesures coercitives envers le transport routier, tout en accompagnant les salariés en les formant sur des nouveaux métiers, pour que la pollution et l’exploitation cessent.

Crise économique et crise environnementale affectent la planète, mais elles sont décuplées dans les pays pauvres. S’y attaquer frontalement, engage à remettre en cause le capitalisme, et cela de manière radicale. Il faut mettre fin au modèle productiviste, et tendre vers un développement soutenable, social et écologique.

Pour inverser la trajectoire mortifère dans lequel le jour d’après semble s’inscrire, cette radicalité est une condition qui doit guider nos actions politiques.

 

Thomas Portes et Benjamin Lucas

Source : Regards

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