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Covid-19 : la terrible réalité sanitaire qui, à terme, pourrait menacer la démocratie

Le ciel semble à nouveau vouloir nous tomber sur la tête. Jean Castex n’a pas mâché ses mots : la situation est grave. Impossible désormais de se cacher derrière son petit doigt : près de 42.000 contaminations en 24h, le record européen, 162 décès et des urgences et réanimations qui commencent à être saturées. Une situation qui semble désormais hors de contrôle et qui nous promet des jours sombres. Si l’on ne parle pas encore de reconfinement partiel, le couvre-feu concerne désormais 46 millions de personnes et on ne cache plus l’hypothèse d’un couvre-feu ramené à 19h, en imaginant aisément la suite si les chiffres continuent de se dégrader : reconfinement partiel de grandes villes.

À peine avons-nous séché nos larmes pour Samuel Paty que ce diable de virus ressort plus violemment encore de sa boîte. Certains spécialistes le disent haut et fort : le couvre-feu, c’est reculer pour mieux sauter. Mieux vaudrait passer directement à un reconfinement partiel pour stopper la propagation du virus. Des propos qui auraient été considérés comme hérétiques, il y a quelques semaines, et qui, désormais, semblent tomber sous le sens. Comme ne parait plus du tout farfelue la tribune d’Esther Duflo, Prix Nobel d’économie, conspuée sur les réseaux sociaux, et qui préconisait un reconfinement général du pays pendant 3 semaines pour sauver Noël et les fêtes de fin d’année, si précieuses pour nos vies familiales. Mais est-ce qu’il s’agit de sauver Noël ou de sauver notre pays qui s’enfonce jour après jour dans une morosité flirtant avec une forme de dépression ? Sur le plan médical, les services psychiatriques enregistrent une augmentation des consultations, et plus largement, cette dimension de notre psyché collective, bousculée par le confinement du printemps dernier et ébranlée par l’assassinat de Samuel Paty, notre psyché collective a été sacrément rudoyée. Si l’on prend en plus en compte les angoisses liées à l’avenir économique, universitaire pour la jeunesse, nous encaissons chocs après chocs. Cela mériterait d’être pris en compte dans le discours public car c’est un fait réel qui imprègne nos vies et aura forcément des répercussions profondes et durables. 

Sur le plan de la lutte contre l’épidémie, qu’avons-nous manqué pour en arriver là ? Certainement la campagne de tests, avec des résultats qui pouvaient prendre 5 jours, laissant dans la nature les éventuels patients positifs en attente de leur résultat. Comment est- il possible que les tests antigéniques ne soient pas encore en service dans ce dépistage massif ? Nous avons 4 mois de retard sur l’Italie et l’Allemagne et il aura fallu encore batailler dur pour que l’administration accepte finalement de « libérer » ces tests. Nous payons aussi notre négligence collective lorsque, comme la cigale, nous avons dansé tout l’été, nous trouvant fort dépourvus quand la bise fut venue. Certes, nous avons corrigé le tir mais trop tard.

Comme toujours, malgré toute sa bonne volonté, Jean Castex donne le sentiment de naviguer à vue. Nous n’avons par exemple fait aucune étude sérieuse pour identifier précisément les lieux de contaminations.

L’heure des bilans viendra mais on sait qu’ils seront catastrophiques sur le plan économique, sanitaire, social et psychologique.

Ils risquent de l’être aussi sur le plan démocratique. On sait que l’exécutif réfléchit à un report des élections régionales en Décembre 2022. Vous avez bien lu : après la présidentielle. Inutile de voir l’intérêt que peut trouver la majorité au report d’une nouvelle gifle électorale, dans la lignée des municipales. Mais cette réflexion en entraine une autre : et la présidentielle ? Si l’on ne peut pas voter avant Décembre 2022 pour des régionales, pourquoi pourrions-nous voter en Mai 2022 pour une présidentielle. Cette seule logique ouvre une perspective vertigineuse et inquiétante sur le plan démocratique. En clair, nous entrons dans une zone grise, sans visibilité, condamnés à des stop and go car aucun spécialiste sérieux ne parie sur un vaccin dans les mois qui viennent. Zone d’autant plus grise que l’autre sujet, le séparatisme, sature l’actualité et que vouloir le transformer en choc des civilisations au détriment de la nécessaire détermination à retrouver, avec persévérance, la concorde nationale, cette attitude se révèlera destructrice à terme, c’est une évidence et la guerre de tranchée entre les deux camps ne laissent quasiment plus de place à la voie du milieu. 2020 a été une année terrible, sidérante et douloureuse. 2021 ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices. Et pourtant, il ne faut cesser de croire au génie français et à la capacité de notre pays à trouver, dans ses valeurs, son ADN, les ressorts et le rebond nécessaires.

Source : Françoise Degois, Nos Lendemains

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