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Covid-19 - Pas d'immunité, pas de tests et beaucoup de morts... la face cachée de la voie suédoise

Au printemps dernier, la Suède a été l'un des très rares pays à ne pas confiner sa population et avait appelé à la responsabilisation individuelle au travers de la distanciation physique, d'une application stricte des règles d'hygiène et d'un isolement en cas de symptômes. Cette décision faisait de la Suède le contre-exemple des mesures strictes prises à travers le monde.

Sans jamais l'avouer, les autorités misaient sur l'immunité collective expliquant que la lutte contre le Covid-19 était un marathon et non un sprint.

 

Mais depuis plusieurs semaines, des voix, en Suède, se font entendre pour raconter une autre histoire de cette épidémie de coronavirus dans le royaume. Cette semaine, Kelly Bjorklund, écrivaine et militante des droits de l'homme, et Andrew Ewing, professeur de biologie moléculaire et de chimie à l'Université de Göteborg et membre de l'Académie suédoise des sciences, se sont fait les porte-voix des détracteurs de cette "voie suédoise" dans une longue tribune à charge publiée par le magazine américain Time. Ils ont également créé un site pour dévoiler des données jusque-là inédites sur la gestion de la crise sanitaire.

 

Pour eux, l'expérience suédoise du Covid-19 "entraînera presque certainement un échec net en termes de décès et de souffrance".

 

Proportionnellement, le virus tue plus en Suède qu'en France

 

Au rayon des décès, la Suède est effectivement l'un des pays où la mortalité est la plus importante. Avec un taux de mortalité par habitant de 58,4 pour 100 000 personnes, la Suède a le 12e taux le plus élevé au monde, derrière la Grande-Bretagne, l'Espagne, l'Italie mais devant la France (46,6). 

 

Pire, même, depuis le mois de mai, la Suède est, juste derrière les Etats-Unis, le pays où le coronavirus tue le plus, proportionnellement à sa population.

 

L'immunité collective en échec

 

Dès le début de l'épidémie, le gouvernement suédois a semblé accepter l'idée que le virus allait, de toute façon, tuer beaucoup de Suédois et le Premier ministre, Stefan Löfven, avait déclaré le 3 avril: "Nous devrons compter les morts par milliers. C'est bien que nous nous y préparions".

 

Au cœur de la stratégie suédoise, l'immunité collective qui consiste à faire circuler librement le virus pour atteindre les 60 à 70% d'immunité protectrice pour la population. La publication d'échanges entre le gouvernement et l'agence nationale de santé a dévoilé au grand jour la stratégie pour atteindre cette immunité notamment en laissant les écoles ouvertes pour "faire circuler le virus plus rapidement".

 

Or, sur ce plan-là aussi, la Suède est en échec. L'agence de santé publique suédoise espérait atteindre 40% d'immunité collective dans la capitale Stockholm dès avril. Mais fin juin, les données de la même agence étaient loin des espoirs escomptés avec 11,4% d'immunité collective pour Stockholm, 6,3% pour Göteborg et 7,1% pour toute la Suède. Une étude publiée en août dans le Journal de la Royal Society of Medicine ne trouvait toujours pas trace de cette fameuse immunité collective.

 

Des mesures restrictives trop limitées

 

Pourtant la Suède a essayé certaines choses pour protéger sa population de la pandémie. Le 12 mars, le gouvernement a limité les rassemblements publics à 500 personnes et le lendemain, l'Agence de la santé publique a publié un communiqué de presse demandant aux personnes présentant des symptômes du Covid-19 de rester à la maison. Le 17 mars, l'Agence de la santé publique a demandé aux employeurs de la région de Stockholm de privilégier le télétravail.
Le gouvernement a en outre limité les rassemblements publics à 50 personnes le 29 mars.

 

À partir du 1er avril, le gouvernement a aussi limité les visites aux résidents des maisons de retraite (qui ont rouvert aux visiteurs le 1er octobre sans masques recommandés aux visiteurs ou au personnel). Mais toutes ces recommandations sont arrivées plus tard que dans les autres pays nordiques.

 

Mais surtout les autorités n'ont rien imposé concernant la quarantaine ou encore le port du masque laissant chaque entreprise établir ses propres règles. Ainsi, un membre d'une famille qui était testé positif était isolé mais pas le reste du foyer et ses proches.

 

Dans ce contexte, il a été logique aussi de voir la Suède prendre un retard considérable dans sa capacité à tester sa population. Elle présente l'un des taux de tests les plus faibles d'Europe.

 

"La voie suédoise n'a donné que la mort et la misère"

 

En conclusion, le collectif dénonce "le manque de mesures" prises en Suède qui "a probablement entraîné plus d'infections et de décès, mais cela n'a même pas aidé l'économie: la Suède a connu une situation économique pire que les autres pays nordiques tout au long de la pandémie."

 

Et les porte-parole du collectif de mettre en garde "les pays qui voudraient appliquer le modèle suédois: cela pourrait avoir des conséquences tragiques pour cette pandémie ou la suivante".

 

"La voie suédoise n'a donné que la mort et la misère. Et, cette situation n'a pas été honnêtement décrite au peuple suédois ou au reste du monde." Le gouvernement a en effet été accusé de manipuler les chiffres de décès durant le printemps évoquant 60 décès quotidiens au lieu des 105 évoqués par des scientifiques. Depuis, le gouvernement suédois a corrigé ses données mettant un sacré coup de canif dans le récit faisant du modèle suédois l'exemple à suivre pour lutter contre le coronavirus.

Source : L'INDEPENDANT

 

Anonyme129552 Il y a 10 jours

 

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