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Ecole : les syndicats du primaire déclenchent l'alerte sanitaire avant la grève

La minute de silence en hommage à Samuel Paty, observée ce lundi matin dans toutes les écoles, collèges et lycées, était sans aucun doute le moment le plus calme de cette rentrée si particulière. Un peu partout en France, des enseignants ont manifesté leur colère contre leur ministre Jean-Michel Blanquer. Elle ruminait depuis longtemps et a explosé ce week-end après l’annulation du temps d’échange initialement prévu entre profs autour de l’assassinat de leur collège.

Différents établissements ont malgré tout décidé de maintenir à 10 heures l’arrivée des élèves pour que les professeurs puissent préparer leur intervention après l’attentat. «Dans certaines académies, comme à Montpellier, Lyon ou Marseille, au moins 40% des collèges et lycées ont gardé l’organisation initiale, avec deux heures banalisées pour les professeurs», rapporte Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du SNES-FSU, syndicat majoritaire dans le secondaire. Là où ce moment d’échange n’a pas été possible, des professeurs ont débrayé. «C’est très différent d’un endroit à un autre mais là où il y a grève, elle est assez bien suivie, avec au moins 40% de grévistes», estime Sophie Vénétitay, dont le syndicat avait déposé un préavis de grève pour toute cette semaine.

 

Distanciation impossible

 

L’hommage raboté n’est pas le seul motif de leur colère. Les professeurs sont très inquiets de ce retour en classe alors que l’épidémie grimpe en flèche. Le nouveau protocole sanitaire annoncé par leur ministre ne correspond selon eux en rien à la réalité du terrain où la distanciation physique est impossible dans des classes à près de 30 élèves ou plus.

 

 

 

Dans un communiqué, les grévistes (40% du personnel) du collège Elsa-Triolet de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) demandent par exemple des «dédoublements de classe» pour assurer «la sécurité des élèves, de leur famille et des personnels», comme le réclament les syndicats enseignants. «En Ile-de-France, je pense que la majorité des établissements sont touchés par ces mouvements de grève, de façon plus ou moins importante, indique Sébastien Volpoet, secrétaire académique du SPDEN (syndicat des chefs d’établissements) Créteil. Dans son lycée au Kremlin Bicêtre (Val-de-Marne), 60 professeurs sur 200 ont débrayé. «Suis-je en sécurité sur mon lieu de travail ? C’est une question que tout le monde se pose et c’est légitime même si les établissements scolaires sont, selon moi, les lieux parmi les plus sûrs par rapport à la contamination puisqu’on porte le masque et qu’on utilise des litres et des litres de gel hydroalcoolique», poursuit Sébastien Volpoet.

 

Une affirmation à laquelle n’adhèrent pas du tout les syndicats, estimant au contraire que les établissements scolaires sont des nids à virus. Tous les syndicats du primaire - «inédit» selon le Snuipp-FSU - ont déposé auprès du ministère de l’Éducation nationale une «alerte sociale» pour dénoncer la gestion de la crise sanitaire. Une sorte d’ultimatum avant de brandir eux aussi la menace d’un préavis de grève. «Quelques enseignants sont sans doute déjà en grève depuis ce lundi mais cela concerne seulement ceux qui ont déclaré leur intention de la faire vendredi soir à minuit, puisqu’il y a une obligation de service minimum d’accueil dans le premier degré», explique Ghislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, qui s’attend à «une forte colère des enseignants dans les jours à venir». Des personnes considérées comme vulnérables ont par ailleurs fait usage de leur droit de retrait «pour se mettre à l’abri».

Cécile Bourgneuf

Source : Libération

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