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Élection américaine : le regard d’une Brestoise dans le Michigan

De Brest à Ann Arbor, ville universitaire (qui sonne breton) près de Detroit, dans le Michigan, Charlotte Cavaille, 36 ans, ancienne élève de Kerichen, est professeure assistante de fac. À part deux ou trois ans à Toulouse, elle vit aux États-Unis depuis douze ans. Un pays qu’elle trouve fascinant.

Après Sciences-po Paris, elle a fait sa thèse à Harvard sur les attitudes vis-à-vis de l’Etat providence et de la redistribution. Un thème fort dans ce pays, avec les critiques de Donald Trump sur l’Obamacare, la loi de son prédécesseur sur le système de santé… « Oui, mais la campagne a davantage porté, cette fois, sur la covid-19 et l’ordre moral, le mouvement Black lives matters aussi. Surtout, il n’y a pas eu de contenu », estime-t-elle. Cela s’est beaucoup joué sur la personnalité de Trump ou le système électoral.

« Un système impossible à truquer »

« Les démocrates ont l’obsession d’un complot républicain pour que les noirs et les pauvres ne puissent pas voter », lance-t-elle. Mais celui qui a accusé le camp d’en face de fraude, c’est bien Donald Trump. Comment un président peut-il accuser l’opposition de fraude ? « Contrairement à la France où c’est l’Etat national qui organise, ici, chaque état est responsable de la manière de compter les votes. Il y a une sorte de clerc, pour chaque secteur, une ville par exemple. Pour qu’un État fédéral puisse truquer le scrutin, il lui faudrait interagir avec le gouverneur de chacun des 50 États, qui eux-mêmes devraient coopter tous les clercs locaux. Dont certains, d’ailleurs, sont des élus… Le système est tellement mal fait qu’il est impossible à truquer ! », même pour le parti au pouvoir, estime-t-elle, ou pour des hackers. Mardi, les seuls problèmes qu’elle a vus étaient des erreurs, des dysfonctionnements techniques.

Côté ambiance, Charlotte Cavaille se trouvait dans un bureau d’un secteur assez démocrate. « Et puis, la plupart des Républicains, ce ne sont pas des fous, vous savez. Les trois quarts des gens avaient voté par correspondance. Donc, tout a été calme. Mais heureusement, parce qu’avec la covid, cela aurait été difficile à gérer. Mais je sais que le Parti démocrate a fait en sorte de bien vérifier partout que tout s’est bien passé, dans le cas d’un procès », envisagé par le président avant même le scrutin. « Je n’ai pas suivi la soirée électorale, je savais qu’on ne connaîtrait pas le résultat ».

« Ce suspense, c’est génial ! »

Ce suspense l’enthousiasme. « C’est génial ! On ne sait pas du tout qui va gagner. Si bien qu’on a l’impression que chaque voix compte. J’ai vu que le Parti démocrate, jusqu’à la dernière minute, est allé toquer aux portes, a fait un bon effort pour que les gens se déplacent ». Et là, « c’est col à col », conclut-elle, se rendant compte en riant qu’elle traduisait mal, en français, le « neck to neck ». On dit plutôt coude à coude… Pour encore quelques heures.

Article du Télégramme

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