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Faut-il vraiment faire du blocage des facs un délit pénal ?

C’est presque de l’ordre du folklore étudiant : pour quiconque a fréquenté les bancs de l’université, le blocage des facs fait partie du répertoire de la mobilisation. Contre la réforme Devaquet en 1986 ou le CPE vingt ans plus tard, c’est un moment de formation citoyenne, et parfois le seul moyen de faire entendre ses revendications. Bien sûr, la méthode a ses contempteurs (on entend souvent dire qu’elle est le fait d’une minorité), et certains épisodes récents – comme l’annulation en 2019 des conférences de François Hollande à Lille et de Sylviane Agacinski à Bordeaux – ont relancé le débat sur son caractère antidémocratique ou intimidant.

Mais faut-il pour autant en faire un délit pénal ? C’est pourtant le choix que s’apprête à faire le Parlement. Réunis en commission mixte paritaire pour finaliser la très contestée loi de programmation pluriannuelle de la recherche, députés et sénateurs souhaitent punir d’un an de prison et 7 500 euros d’amende « le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur [...] dans le but [d’en] troubler la tranquillité ou le bon ordre ». La peine encourue est même portée à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende si les faits sont commis en réunion. Dans sa version musclée, le texte prévoit également de subordonner les libertés académiques au respect des « valeurs de la République ». Mais lesquelles exactement ?

Source : Télérama

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