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Tribunal : à Penmarc’h, un ouvrier tombé du toit parce qu’il fallait gagner du temps

Aucune protection de sécurité de style garde-corps ou filet, pas de harnais portés pour la pose de plaques de zinc à six mètres de hauteur, un conducteur de chantier inexpérimenté… Les manquements relevés le 20 novembre 2017 après l’accident survenu sur le chantier du Carrefour Contact du bourg de Penmarc’h sont implacables pour l’entreprise d’étanchéité SEO, qui ne cherche d’ailleurs pas à nier sa responsabilité pénale.

Mais elle rejette très vite la faute sur son délégataire de pouvoir en charge de ces travaux, le directeur de l’agence de Caudan, licencié depuis pour faute grave. Un homme qui n’a pas daigné se déplacer ce jeudi au tribunal. Ses oreilles ont néanmoins dû siffler durant plus de deux heures.

« Les supérieurs ont tendance à oublier les consignes de sécurité »

Première à ouvrir le ban, la victime elle-même. Un intérimaire d’une quarantaine d’années contraint de se réorienter, marqué à vie, handicapé des deux bras, qui ont amorti sa chute. Ses mouvements seront limités à tout jamais. Et il n’est pas tendre avec le responsable de l’agence avec qui il collaborait pourtant depuis des années.

« Ce n’était pas son seul chantier fait sans sécurité. Le siège de l’entreprise attendait même une erreur de sa part. Vous savez, quand il faut produire du chiffre et que les délais sont courts, les supérieurs ont tendance à oublier les éléments de sécurité. On va moins vite avec un harnais. J’ai failli perdre la vie pour ça. Je n’étais qu’intérimaire, ce n’était pas à moi de m’imposer et de parler de droit de retrait. Et puis il y a eu l’erreur de mettre un conducteur de travaux avec si peu d’expérience ».

Le manque d’expérience du conducteur de travaux

C’est peu de le dire. Le conducteur de travaux, qui a provoqué sa chute en poussant trop fort une tôle de 1 m de large et 8 m de long sur la fourche de levage, ce qui a eu pour effet de déséquilibrer l’ouvrier, était en période d’essai. En poste depuis seulement un mois. Son expérience se limitait à de petits chantiers, rien d’équivalent à la fonction de conducteur de travaux.

Ce dernier a assuré durant l’enquête n’avoir reçu que des réponses évasives sur la sécurité du chantier. Il aurait étudié les plans et commandé du matériel de protection, effectivement présent dans un véhicule le jour du drame.

Délibéré au 8 décembre

En découvrant le délai « serré », 1 300 m² de toiture à recouvrir en six jours pour trois ouvriers, il avait de lui-même décidé de prêter main-forte à l’équipe. Reconnaissant leur avoir demandé de débuter le chantier pour gagner du temps. Avouant une erreur d’appréciation, qu’il attribue à son manque d’expérience. Il n’a pas été conservé par l’entreprise.

Le procureur a requis des peines d’amende de plusieurs milliers d’euros contre l’entreprise, ainsi que contre l’ancien directeur d’agence. Le délibéré sera rendu le 8 décembre.

Article du Télégramme

 

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