· 

Fractures sociétales : enquête auprès des 18-30 ans

 

Les jeunes de 18 à 30 ans se définissent avant tout à travers leur appartenance à la nation française

 

Les jeunes âgés de 18 à 30 ans se considèrent avant tout comme étant Français (76%) et ils sont moins d’un sur dix à s’identifier à travers le prisme de leur région (9%) ou de leur ville (9%). Enfin, l’auto-définition comme un habitant de son quartier (3%) ou un membre de sa communauté religieuse est ultra-minoritaire (3%). Sur ce point, nous observons néanmoins un clivage important entre les catholiques (2% et 5% pour les catholiques pratiquants) et les musulmans (17%).

 

 

 

Une situation jugée insatisfaisante autant concernant la lutte contre les actes racistes que concernant la délinquance et la lutte contre le terrorisme

 

La question de la sécurité apparait comme assez prégnante au regard des résultats de cette enquête, avec respectivement trois quart et deux tiers des jeunes qui jugent la lutte contre la délinquance (74%) et contre le terrorisme (64%), insatisfaisante en France. La situation en matière de lutte contre le racisme en général (61%), les discriminations ethniques (61%) et les actes antisémites (56%) ou anti-musulmans (62% et 72% pour les jeunes musulmans) est également jugée problématique par une majorité de sondés.

 

 

 

Sur la question de l’égalité entre les hommes et les femmes, les jeunes se montrent plus partagés avec respectivement 46% qui la jugent satisfaisante et 54% insatisfaisante. Sur ce point, nous observons néanmoins un important clivage lié au genre : l’égalité entre les sexes est jugée insatisfaisante par deux tiers des jeunes femmes (67%) contre 42% des jeunes hommes.

 

 

 

Enfin, les jeunes sont également très sensibles à la question de la lutte contre les inégalités sociales, estimant aussi très largement que la situation est insatisfaisante sur ce point (68%).

 

 

 

Islamophobie, violences policières ou encore patriarcat correspondent à une réalité pour une majorité de jeunes

 

L’islamophobie est perçue comme étant une réalité par 61% des 18-30 ans et 74% des jeunes de confession musulmane. Ils ne sont à l’inverse qu’un quart à penser que cela correspond à des faits marginaux ou inexistants (22% et 17% des jeunes qui ne se prononcent pas). Ils estiment également majoritairement que les violences policières sont une réalité (60% contre 26% qui pensent qu’il s’agit de faits marginaux ou inexistants).

 

 

 

Les notions de patriarcat (60%) et de plafond de verre (59%) sont également majoritairement perçues comme véridiques. Relevons par ailleurs, que les jeunes souscrivent davantage que leurs ainés à l’idée qu’il y aurait un « racisme d’Etat » (41% jugent cette notion véridique contre 30% des Français) ou un « privilège blanc » (41% contre 32% des Français).

 

 

 

Laïcité ouverte contre laïcité de combat : un clivage générationnel concernant le rapport à la religion

 

L’attitude des 18-30 ans à l’égard de la religion diffère assez significativement de celle adoptée par les générations plus âgées. Ils sont ainsi significativement moins nombreux à juger que la laïcité est en danger en France (70% contre 87% pour l’ensemble de la population française). L’inquiétude des jeunes à l’égard de l’islamisme est également moins marquée : ils ne sont que 60% à estimer que l’islamisme a déclaré la guerre à la France et à la République (contre 79% des Français). Plus globalement, signe d’une sacralisation du fait religieux, les trois quarts d’entre eux estiment qu’il faut respecter les religions afin de ne pas offenser les croyants (75%).

 

 

 

La définition donnée par les jeunes au principe de laïcité diffère assez sensiblement de celle évoquée par les générations plus âgées. Ils estiment ainsi avant tout que la laïcité consiste à mettre toutes les religions sur un pied d’égalité (34% contre 19% au sein de l’ensemble de la population française) et à l’inverse sont moins nombreux à penser qu’elle consiste à faire reculer l’influence de la religion dans notre société (13% contre 26%) ou à séparer les religions de la politique (21% contre 27%).

 

 

 

Les résultats de cette enquête mettent en exergue un clivage générationnel marqué au sein de la population française concernant le rapport à la religion. Les jeunes se montrent globalement beaucoup plus réticents à la critiquer, et sont ainsi un tiers à juger injustifié pour un professeur de montrer des caricatures en classe alors même que l’enquête a été réalisée dans le contexte de l’assassinat de Samuel Paty. Au cœur de ces sujets, c’est la question de la laïcité qui est la plus questionnée, d’ailleurs, ils estiment en premier lieu que le principe de laïcité devrait être de mettre toutes les religions sur un pied d’égalité, plutôt que de les combattre. A cet égard, la laïcité apparait pour une partie d’entre-deux davantage comme étant un « concept islamophobe » qu’un instrument de vivre ensemble garantissant la neutralité de l’Etat et la liberté de conscience.

Source : IFOP

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0