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La France Insoumise travaille à une « alternative claire » à Chesnais-Girard

Les téléphones continuent de chauffer dans les états-majors politiques en Bretagne. Surtout depuis que l’alliance écolo-régionaliste formée par EELV, l’UDB et Ensemble sur nos territoires a désigné sa cheffe de file en la personne de l’écologiste Claire Desmares-Poirrier. Une nomination semblable à un caillou posée dans la chaussure de Loïg Chesnais-Girard : le président de Région aurait sans doute préféré une tête de liste plus socialo-démocrate compatible telle que Ronan Dantec en vue d’alliances futures. Mais qui n’est pas simple à gérer non plus à l’extrême gauche de l’échiquier politique.

Nouvelle rencontre avec EELV

En course pour l’élection régionale en juin prochain, la France Insoumise (LFI) aurait aussi sans doute aimé que les choses se passent autrement chez EELV. Plaidant depuis septembre pour une alliance avec les écologistes bretons, le parti de Jean-Luc Mélenchon se retrouve à ce stade bien seul. Et il sait qu’il sera dur d’exister dans un scrutin qui ne lui est pas favorable. « Avec EELV, on le concevait comme une construction commune dès le départ », semble regretter la Briochine Marion Gorgiard, correspondante du comité électoral pour la Bretagne à la France Insoumise et en charge des relations avec les autres partis. Trois rencontres ont d’ailleurs eu lieu au préalable avec les écologistes. Sans pour autant aboutir à une alliance. Mais tout n’est pas encore perdu, veulent croire les Insoumis.

« Toutes les portes sont encore ouvertes, une autre rencontre est actée pour mi-décembre. » Une date qui coïncidera avec la désignation, si aucun accord n’est trouvé, des chefs de file LFI dans les départements et au niveau régional.

Le parti à la lettre phi rouge n’attend toutefois pas cette échéance pour se mettre en ordre de marche. Des groupes de travail thématiques avec syndicalistes, experts et citoyens sont constitués. Et la ligne à suivre est toute tracée. « On ne peut pas demander à ceux qui ont mis le camion dans le mur de l’en tirer, souligne le Brestois Pierre-Yves Cadalen, prétendant parmi d’autres à la candidature régionale. Il faut une alternative claire à Loïg Chesnais-Girard. Il dit n’avoir aucun problème avec les macronistes et Emmanuel Macron. Ce n’est pas possible.On peut gagner la Région mais en rupture avec eux. »

Aide directe aux agriculteurs

Voulant mener une campagne « populaire », les insoumis ont déjà fixé quelques priorités. Comme pour beaucoup, l’agriculture et l’écologie en font partie. Dénonçant une politique régionale actuelle qui soutient « les grandes coopératives et les multinationales », le militant Gilles Renault propose un triptyque pour répondre aux urgences écologique et sociale, avec un soutien direct aux agriculteurs. « On veut aller vers des pratiques agricoles plus raisonnées. La Région doit aussi ouvrir de nouveaux débouchés pour la commande publique. Et on doit porter le projet de l’annulation de la dette paysanne. » 

Sur cette question, Pierre-Yves Cadalen pose la question de la conversion écologique pour pouvoir en bénéficier. Et ce même si ça doit coûter un « pognon de dingue » pour une collectivité qui reste un nain politique sur le plan budgétaire ? « C’est un sujet qui doit être national. Notre rôle c’est de mettre les sujets sur la table pour en terminer avec la complaisance avec les grandes coopératives et la FNSEA. »

Conditions sociales dans la fibre

Autre sujet que souhaite agiter LFI dans la région : le déploiement de la fibre optique. Un dossier qui gratte un peu la majorité actuelle compte tenu des retards enregistrés. Favorable à un moratoire sur la 5G, la France Insoumise juge la fibre « indispensable ». Mais pas à n’importe quel prix, fait remarquer le Rennais Jean-Paul Tual. « Mégalis (syndicat mixte en charge du déploiement dans les zones rurales, NDLR) s’est trouvé confronté aux modèles des multinationales avec de la sous-traitance en cascade. C’est un vrai désastre sur le plan social. En Bretagne, il y a des travailleurs en suroccupation de logements, certains dorment dans leur voiture, d’autres sont victimes de marchands de sommeil, n’ont pas de fiche de salaires... Tous les élus savent comment ça se passe mais personne n’agit. Tout le monde ment sur la réalité de la réalisation de la fibre optique. C’est le bal des faux culs ! », s’emporte celui qui se considère sur le sujet comme un « lanceur d’alerte. »

Pour faire cesser cette situation, LFI avance là encore quelques pistes : un audit avec les organisations syndicales sur les conditions d’emploi de ces travailleurs et un plan de formation massif. « Et Mégalis, qui est le donneur d’ordre principal, se doit de reprendre les salariés (concernés) », réclame Jean-Paul Tual.

Article du Télégramme

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