Soutenez Mr Mondialisation sur Tipeee

Le CCC et le Cocobod ont également annoncé la suspension immédiate de tous les programmes de certification de Hershey pour du cacao « durable ». Ces programmes vérifient certains critères éthiques, comme l’absence de travail des enfants ou de déforestation entraînée par la production de chocolat. « Ces certifications sont devenues un argument essentiel dans la communication des multinationales vis-à-vis des consommateurs occidentaux. Que la Côte d’Ivoire et le Ghana aient décidé d’agir ensemble pour dénoncer publiquement les acteurs moins disant est une excellente initiative, déclare Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France, au quotidien La Croix. Les autres pays producteurs, notamment en Amérique latine, vont suivre l’affaire attentivement. »

Il s’agit d’une mesure sans précédent, qui s’est accompagnée d’une mobilisation des producteurs de cacao. Ceux-ci ont organisé des marches simultanées en Côte d’Ivoire et au Ghana. De leur côté, Hershey et Mars ont dans un premier temps nié le bien-fondé de ces accusations, assurant payer la prime pour soutenir les producteurs. Mais devant les sanctions imposées par les deux pays africains, les deux géants du chocolat se sont finalement résolus à réaffirmer leur engagement à payer le différentiel de revenu décent, en plus du prix du marché. « Nous reconnaissons l’importance et la valeur du DRD pour améliorer la vie des planteurs et nous sommes heureux d’avoir pu clarifier la situation », indique ainsi le groupe Hershey dans un communiqué.

Une avancée mitigée

En réponse à cet engagement définitif, qui constitue une victoire pour les producteurs de cacao, les autorités de la filière au Ghana et en Côte d’Ivoire ont décidé de lever leurs sanctions. En intégrant la prime, la tonne de cacao s’élèvera donc à 2600 dollars, soit un peu plus de 2100 euros, ce qui revient à peu près au même prix que le cacao dit « équitable ». Une avancée qui permettra de mieux rémunérer les producteurs de cacao, sans pour autant faire évoluer en profondeur la répartition des profits de ce commerce. Cependant, même avec cette augmentation, une grande partie des producteurs pourrait en effet rester sous le seuil de pauvreté. Le chocolat consommé outrageusement par l’occident reste un met de luxe qui se paye par l’effort d’un grand nombre de travailleurs invisibilisés.

Malgré une prime de 400 dollars la tonne, une grande partie des planteurs de cacao pourraient rester sous le seuil de pauvreté. – AFP

S’il s’agit donc d’un progrès en demi-teinte, cette affaire a le mérite de mettre en avant les leviers dont disposent les producteurs et les consommateurs pour faire évoluer les pratiques. Et ceci n’a été possible qu’à travers un front organisé de producteurs à une échelle nationale, voire internationale. Les critères éthiques et environnementaux devenant de plus en plus incontournables, les entreprises du chocolat sont contraintes de s’adapter pour éviter de se retrouver au centre d’une polémique qui leur ferait mauvaise presse. Car ce sont bien les grands groupes qui ont le pouvoir et la responsabilité de refuser des pratiques comme l’exploitation des cultivateurs, le travail des enfants et la déforestation galopante. Des problématiques qui sont malheureusement communes à de nombreux secteurs de l’économie mondialisée.

Source : Mr Mondialisation