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Manque d’effectifs : les assistants de régulation du Samu en grève à Brest

Ce jeudi, à Brest, les 30 assistants de régulation médicale (ARM) du Samu 29 étaient en grève pour demander des effectifs supplémentaires. Leur temps de travail explose.

Pour assurer la continuité du service, la moitié des 30 assistants de régulation médicale ont été maintenus en poste. Un rassemblement s’est tenu, jeudi en fin de matinée, dans le hall de l’hôpital de
Pour assurer la continuité du service, la moitié des 30 assistants de régulation médicale ont été maintenus en poste. Un rassemblement s’est tenu, jeudi en fin de matinée, dans le hall de l’hôpital de la Cavale-Blanche à Brest. (Photo Le Télégramme/Catherine Le Guen)

Lorsqu’une personne du Finistère appelle le 15 pour une urgence médicale, c’est l’un des 30 assistants de régulation médicale (ARM) du Samu 29 qui lui répond en premier, avant de transférer l’appel à un médecin régulateur. Basés dans la salle de régulation du 15, à l’hôpital de la Cavale-Blanche du Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Brest, les ARM étaient en grève, ce jeudi 24 décembre, pour demander des effectifs et de meilleures conditions de travail.

Un décès après un appel manqué

Tous les ARM ont l’angoisse de rater un appel d’urgence absolue. En novembre dernier, Catherine a été confrontée à cette expérience qui l’a marquée, même si aucune faute ne peut lui être reprochée. « Ce jour-là, les appels étaient très nombreux. A posteriori, on a vu que j’avais répondu à trois fois plus d’appels que prévu. L’un des appels m’a échappé, je l’ai passé au médecin sans voir que la personne, dans la panique, avait raccroché. Ce n’est qu’au bout de 20 minutes que je me suis rendu compte. Le patient est décédé. Si j’avais eu moins d’appels à gérer, j’aurais pu rappeler la personne », regrette Catherine.

« Il manque sept postes »

Face à la multiplication des appels au 15, les effectifs sont devenus insuffisants, assurent les syndicats CGT et Sud, qui appelaient le personnel à débrayer ce jeudi. Chaque jour, entre 1 000 et 1 200 appels sont reçus au 15. « Mais pour chaque appel entrant, nous devons gérer plusieurs appels sortants pour une ambulance, par exemple. C’est très angoissant quand on voit que nous sommes toutes en ligne et que de nouveaux appels arrivent sans que l’on puisse décrocher », s’inquiète Claire.

Selon les critères de qualité de la Société française de médecine d’urgence (SFMU), un centre 15 doit répondre dans les 20 secondes à 95 % des appels. « À Brest, on n’atteint pas les 90 %, et cela s’est dégradé depuis quatre ans. Selon les recommandations de la SFMU, il manque sept postes à Brest », analyse Xavier Arzur, de la CGT du CHRU de Brest.

Un temps partiel poussé à 60 heures par semaine

Difficile de trouver des remplaçants pour cette petite équipe très spécialisée. Une formation de six semaines est dispensée avant de devenir ARM. « Je travaille normalement à 75 %, ce qui correspond à 28 heures par semaine. Mais, cette semaine, j’ai déjà totalisé 52 heures de travail et on m’a demandé d’aller jusqu’à 60 heures. On est rappelé du jour au lendemain sur nos congés », alerte Christelle.

Pas d’heures supplémentaires payées, en revanche. Les ARM ne récupèrent ce temps qu’en congés, sans pouvoir en choisir le moment. « On n’en peut plus. Et ce n’est pas satisfaisant pour la population. Il y a parfois des réactions agressives des personnes parce qu’on décroche tardivement », ajoute Jenny. La situation est encore plus difficile en cette fin d’année, en raison de cinq arrêts de travail dans l’équipe.

Le service d’accès aux soins inquiète

La perspective de la mise en place du service d’accès aux soins (SAS) inquiète aussi les personnels, puisqu’il va élargir les motifs d’appels au non-urgent. Le Samu 29 est site pilote. La mise en œuvre prévue dès janvier aurait été repoussée à avril 2021.

Article du Télégramme

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