Depuis 1950, 70 % des haies ont disparu des bocages français ; le paysage de l’Ouest est méchamment concerné. Depuis quatre décennies, des agronomes tentent de réparer les
erreurs d’un passé où la faune sauvage et le réchauffement climatique
importaient peu. Il y a désormais urgence. L’Office français de la biodiversité en a fait sa cause de l’année et le gouvernement y consacrera 50 millions d’euros du plan de relance. Le programme Plantons des
haies
prévoit 7 000 km de nouvelles haies et alignements d’arbres intraparcellaires sur la période 2021-2022.
Youpi pour les hérissons et le climat ?
Pas tout à fait. Le compte n’y est pas : On détruit encore 11 200 km de haies par an
, déplore Philippe Pointereau, agronome au pôle agro-environnement toulousain
Solagro, qui ajoute : Il ne suffit pas d’additionner des mètres linéaires de nouveaux plants. Il faut minimum une trentaine d’années pour qu’une haie rende des vrais services
éco-systémiques. Conserver l’existant doit être la priorité et une meilleure gestion des nouvelles, la suivante.
Des chercheurs de l’Inrae approuvent, dans une étude publiée en décembre : la capacité de stockage de carbone additionnel des haies anciennes peut atteindre 4,2 tC pour 100 mètres linéaires, contre 2,2tC pour les jeunes (fourchette haute). Et bon courage aux hérissons et aux volées de sansonnets pour se cacher dans ces alignements de jeunes plants…
Pourquoi ça ne marche pas ?
Comme pour la santé, l’efficacité des professionnels de la haie se perd dans un dédale administratif typiquement français. Les programmes haies dépendent tantôt du Département ou de la Région, tantôt du ministère de l’Agriculture ou d’un organisme lié à l’environnement, tel l’Office français de la biodiversité.
Des appels d’offres finissent par échapper aux plus motivés. En Bretagne, où un seul organisme, Breizh Bocage, gère ce dossier, on admet que le bilan attendu le 11 février ne sera
pas celui espéré
, redoute le responsable Pascal Renault.
À la décharge des élus bretons, il y a le manque de police environnementale sur laquelle la Région n’a pas la main. La notion de déplacement
, qui cache un mauvais troc –
la suppression d’une haie
utile contre des plantations qui porteront tardivement leurs fruits – n’est pas assez sanctionnée.
La semaine dernière, l’eurodéputé écologiste Benoît Biteau, regrettait la gestion amateur
de la France sur ce dossier, pour lequel l’Union européenne dépense des centaines
de milliers d’euros, depuis des années, tout comme les collectivités. Pour un solde qui reste négatif !
Article du Ouest France
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