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L’élévation du niveau des mers est-elle conforme aux projections climatiques ?

 

Des chercheurs ont récemment comparé la hausse du niveau des mers réellement observée à celle anticipée par les modélisations climatiques sur la période la plus récente. Et ce, aussi bien à l’échelle globale que régionale. Les résultats ont été publiés ce 12 février dans la revue scientifique Nature communications.

Une des nombreuses conséquences du réchauffement climatique est la hausse généralisée du niveau des mers. Un phénomène qui s’explique principalement par la fonte des glaces terrestres et le fait qu’une eau plus chaude occupe un volume un peu plus important. Depuis le début de l’ère industrielle, le niveau moyen des océans a augmenté d’une vingtaine de centimètres. Cela peut sembler assez faible, mais il faut réaliser que le rythme de la hausse s’accélère.

Depuis le milieu des années 1990, la vitesse à laquelle l’eau monte se chiffre à quelque 3,4 millimètres par an. Une valeur deux fois supérieure à la moyenne 1900-2000 établie à 1,7 millimètre par an. De précédents travaux ont montré que les modèles climatiques reproduisaient avec précision l’évolution observée au cours du siècle passé, que ce soit à l’échelle globale ou régionale. Toutefois, jusqu’à présent, une telle analyse n’avait pas été réalisée pour la période plus récente.

Un très bon accord entre observations et modélisations

C’est désormais chose faite. Dans une nouvelle étude, des chercheurs issus de Chine et d’Australie ont comparé les projections les plus récentes du GIEC (AR5, 2013 & SROCC, 2018) aux observations effectuées sur la période 2007-2018. Elles comprennent plusieurs jeux de données satellitaires combinés à 177 séries marégraphiques. Enfin, pour effectuer une comparaison pertinente, les scientifiques ont considéré trois scénarios d’émissions de gaz à effet de serre parmi ceux étudiés par le GIEC. Un cas optimiste (RCP 2.6), intermédiaire (RCP 4.5) et pessimiste (RCP 8.5).

Comme pour le siècle passé, les auteurs ont trouvé un très bon accord entre les projections climatiques et les évolutions réellement constatées. Si le résultat était attendu à l’échelle globale, le degré de précision au niveau plus régional est un constat très encourageant. « Notre analyse implique que les modèles sont proches des observations et renforce la confiance dans les projections actuelles pour les prochaines décennies » note John Church, expert sur le sujet et coauteur de l’étude.

Comparaison entre modélisations (bleu et vert) et observations (jaune, orange, rouge et violet). La vignette (a) représente les évolutions temporelles avec la zone d’étude indiquée par une bande bleu clair. (b) et (c) indiquent les moyennes sur la période 2007-2018 pour la tendance et l’accélération, respectivement. Crédits : Jinping Wang & al. 2021.

Niveau des mers : vers une hausse de plusieurs mètres au rythme actuel

Néanmoins, il faut reconnaître que la période travaillée par les scientifiques est relativement courte. Aussi, l’étude n’exclut pas l’apparition d’écarts notables à plus long terme. « Il reste un potentiel d’élévation plus importante du niveau de la mer. En particulier, au-delà de 2100 pour les scénarios à fortes émissions. Par conséquent, il est urgent que nous essayions toujours de respecter les engagements de l’Accord de Paris en réduisant considérablement les émissions », ajoute John Church.

L’initiative a également demandé de filtrer les variations du niveau des océans dues à des phénomènes de variabilité naturelle afin de ne capturer que le signal climatique. « Nous avons soigneusement éliminé les impacts de la variabilité naturelle, par exemple El Niño, et corrigé le mouvement vertical des terres, ce qui a conduit à une meilleure entente », explique Xuebin Zhang, coauteur du papier. John Church ajoute quant à lui que « l’analyse des données récentes indique que le monde suit une trajectoire située entre le RCP 4.5 et le pire scénario RCP 8.5. Si nous continuons avec de grandes émissions continues comme nous le sommes actuellement, nous engagerons une hausse du niveau de la mer de plusieurs mètres au cours des siècles à venir ».

Source: Sciencepost

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